Nom : Dennis Andrew Nilsen
Alias : "L'étrangleur à la cravate"
Date de naissance : 23 novembre 1945
Classification : Tueur en série
Caractéristiques : Homosexuel et nécrophile
Nombre de victimes : 16
Date des meurtres : 1978-1983
Date d'arrestation : 9 février 1983
Méthode de meurtre : Etranglement par ligature
Lieu : Banlieue de Londres, Angleterre
Statut : Condamné à la prison à perpétuité le 4 novembre 1983

I         UNE MACABRE DECOUVERTE

Un soir de l'hiver 1983, le hasard d'une découverte dans l'égout d'un bâtiment
du nord de Londres a mis fin à cinq années de meurtres.
Quelles étaient les victimes et comment étaient-elles mortes?
L'assassin allait répondre.



 
     L'écoulement de la maison du 23 Cranley Gardens, à Londres, était bouché depuis cinq jours, quand Michael Cattran fut dépêché sur les lieux par l'entreprise de plomberie qui l'employait. Il se présenta à la porte du petit bâtiment à deux étages de ce quartier de la banlieue nord, Muswell Hill, à 18h15, le mardi 8 février 1983. Un des locataires, Jim Allcock ouvrit.
     Le plombier comprit rapidement que le problème venait de l'extérieur. Accompagné par Allcock, il ressortit et alla soulever la plaque d'égout. Elle ouvrait sur un puits de quatre mètres. Michael Cattran descendit l'échelle métallique tandis que son compagnon braquait la torche lumineuse.

 
LA   DECOUVERTE
 
     Au fond, il découvrit une masse gélatineuse, faite d'une quarantaine de morceaux d'une sorte de substance grisâtre à l'odeur insupportable. Il en fit lui-même tomber de la canalisation venant de l'immeuble. Il remonta et dit au locataire qu'il faudrait revenir à la lumière du jour. Il téléphona à son patron et lui confia que la substance en question lui avait paru être de la chair humaine.
     Le lendemain, à 9h15, Cattran revint, avec son patron et redescendit. Il constata, avec stupéfaction, que la substance avait disparu. Or, il n'avait pas plu et rien n'expliquait le phénomène. Cependant, il avait remarqué que la plaque n'était pas dans la même position que la veille.
     Il engagea le bras dans la canalisation et en retira des morceaux de chair et quatre petits os. Fiona Bridge, qui vivait aussi dans l'immeuble, révéla aux deux plombiers que la nuit précédente, elle et Jim Allcock avaient entendu des pas. Ils avaient eu l'impression que le locataire d'en haut était allé jusqu'à l'égout. Finalement, tous quatre décidèrent d'appeler la police.
     L'inspecteur principal Peter Jay arriva à 11h. Il prit les débris trouvés par Cattran et les emmena à la morgue d' Hornsey pour avoir un premier avis ; ensuite, il les déposa à l'hôpital de Charing Cross, dans le service du docteur David Bowen, professeur de médecine légale à l' Université de Londres. Ce dernier confirma qu'il s'agissait de chair humaine, provenant probablement de la région du cou, et que les os venaient de la main.
     Peter Jay apprit que le locataire de l'étage supérieur s'appelait Dennis Andrew Nilsen et qu'il était cadre administratif à l'agence pour l'emploi de Kentish Town.

" Au matin, il était allongé sur l'un des lits,
toujours habillé. Il était mort.
J'ai eu l'impression qu'il voulait partir
et j'ai dû l'étrangler.
Je restais assis là,
abasourdi "
DENNIS NILSEN
 
      Il vivait tout seul, avec une petite chienne batârde appelée Bleep : il n'adressait presque jamais la parole aux autres locataires.
     Ce matin là, Nilsen était parti au travail à 8h30, après avoir emmené Bleep faire sa promenade. Jay retourna à Cranley Gardens en compagnie de l'inspecteur McCusker et d'un autre policier, Butler. Tous trois attendirent le retour de Nilsen.
 
DANS   L'ARMOIRE
 
     Nilsen arriva à 17h40 ; Peter Jay se présenta et dit qu'il venait à propos de l'égout. Nilsen répliqua qu'il était curieux que la police s'intéressât aux égouts et demanda si les deux hommes derrière lui étaient membres des services d'hygiène. " Ils sont de la police " précisa Jay. Tous quatre montèrent à l'appartement du deuxième et Nilsen les fit entrer dans la pièce du fond. Jay expliqua que l'on avait trouvé les débris d'un corps humain. " Grand Dieu ! mais c'est horrible ! " s'exclama Nilsen. L'inspecteur lui conseilla de ne pas perdre son temps. " Où est le reste du corps ? " demanda-t-il.
     Il y eu un court silence. Puis Nilsen dit : " Dans deux sacs en plastique, dans l'armoire, à côté. Je vous montre ". Dans le living, il désigna l'armoire en question et tendit les clés. L'odeur pestilentielle était suffisamment éloquente. Le policier n'ouvrit pas le meuble mais demanda à Nilsen s'il avait autre chose à révéler : " C'est une longue histoire et ça remonte à loin. Je vous dirai tout, il faut que je me libère. Mais pas ici... au commissariat ".

 
 
AU   COMMISSARIAT
    
      Peter Jay informa Nilsen de ses droits et l'arrêta pour présemption de meurtre. Qui était la victime? On ne savait pas encore exactement.
     Les policiers emmenèrent Nilsen au commissariat. Une question tourmentait les deux inspecteurs. McCusker, assis à l'arrière de la voiture, à côté du jeune homme, la formula en premier :
     " S'agit-il d'un cadavre ou de deux ? "
          " De quinze ou seize, depuis 1978 " répondit Nilsen.
     Arrivé au commissariat, Jay fut très direct : " Allons droit au but. Voulez-vous dire que depuis 1978 vous avez tué seize personnes ? ".
     " Oui " répliqua Nilsen. " Trois à Cranley Gardens et à peu près treize à mon ancienne adresse, au 195 Melrose Avenue, à Cricklewood ". Il parlait avec un calme étrange.
     Le soir même, le commissaire de police, Chambers, accompagna Peter Jay et le professeur Bowen à l'appartement de Nilsen. Ils ouvrirent l'armoire et retirèrent deux grands sacs poubelles noirs. Ils les transportèrent à la morgue et Bowen les examina.
     Dans l'un deux, il trouva quatre sacs plus petits. Le premier contenait la partie gauche d'une poitrine d'homme, le second la partie droite et un bras, le troisième un torse sans membres ni tête, et le quatrième divers fragments humains. Les sacs étaient, à l'évidence, fermés depuis quelques temps et la puanteur était épouvantable.
     Dans le deuxième sac noir, Bowen découvrit deux têtes, un autre torse comportant les bras, mais pas les mains. Une des têtes avait été décharnée, après avoir été bouillie. L'autre était beaucoup moins abîmée et il y avait encore des cheveux sur la nuque ; cependant, le reste de la chevelure et les lèvres étaient manquants. Elle avait été récemment ébouillantée.
     En fait, comme la police devait l'apprendre rapidement, Nilsen l'avait fait cuire quelques jours plus tôt, sur la cuisinière.

 
L' IDENTIFICATION
 
     Cette tête était celle de Stephen Sinclair, un jeune marginal, drogué, que Nilsen avait rencontré le 26 janvier 1983 et qu'il avait tué le même soir. Le meurtrier identifia sa victime dans les premières minutes de son interrogatoire qui devait durer trente heures.
     Il révéla que son appartement contenait les reste de trois hommes ; pour le second, il ne connaissait qu'un surnom, John the Guardsman, " le planton ", et il ne savait rien du troisième homme.
     Nilsen suggéra aux policiers de regarder dans un petit coffre à thé, qui se trouvait dans le living, et sous un meuble, dans la salle de bains. Ils trouvèrent les jambes et le bassin de Sinclair. Dans le coffre, il y avait un autre torse, un crâne, des os, ainsi que des boules de naphtaline et un déodorant. Les médecins légistes pouvaient maintenant tenter d'assembler le puzzle macabre, le corps de Stephen Sinclair, sur le marbre de la morgue.
     Le 11 février, Nilsen accompagna Jay et Chambers au 195 Melrose Avenue. Il désigna un endroit dans le jardin où il y avait des restes humains. Il avait vécu dans l'appartement du rez-de-chaussée de 1976 à 1981, et il déclara y avoir tué douze ou treize hommes.
     
LES   FOUILLES
 
     Les cadavres avaient été coupés en morceaux et brûlés dans le jardin, sur des bûchers. Une équipe spécialisée de la police entreprit les fouilles, cherchant des indices sur des personnes qui, apparemment, avaient disparu sans laisser de traces.
     Ils trouvèrent beaucoup de cendres provenant de corps humains et suffisamment d'os pour permettre aux médecins légistes de dénombrer au moins huit corps, mais il y en avait probablement plus. Le chef d'inculpation, qui devait être formulé dans les 48 heures suivant l'arrestation, dépendait de la bonne volonté de Nilsen à préciser les faits.
     Finalement, le 11 février à 17h40, ce dernier fut inculpé pour le seul meurtre de Sinclair, qui avait été identifié par ses empreintes car il était fiché à la police pour de petits délits.

 
L'INTERROGATOIRE

 
     Il accepta d'être assisté par un avocat, et Ronald Moss voulu bien assumer sa défense. Le lendemain matin, le prévenu se présenta devant les magistrats d' Highgate et fut renvoyé pour trois jours à la garde de la police. Lors des interrogatoires, Nilsen déclara qu'il lui était impossible d'identifier la plupart de ses victimes. Il semblait les considérer comme de simples supports à ses fantasmes, ça ne l'intéressait pas de savoir de qui il s'agissait.
" Mes meurtres constituent
une perversion des pulsions
sexuelles : il s'agissait
de prendre contact : j'ai
compris la vérité de mes actes "
DENNIS NILSEN
 
     Un de ses récits fit tout particulièrement frémir les policiers. Nilsen avait étranglé trois fois un jeune homme, mais celui-ci, bien que frêle, se cramponnait à la vie. Il le traîna alors dans la salle de bains et le plongea dans la baignoire en le maintenant sous l'eau. L'autre réussit à sortir la tête et demanda grâce, mais Nilsen l'enfonça à nouveau. Ensuite, il ramena le corps dans la chambre et alluma une cigarette. Bleep, la chienne, se mit à lécher les jambes de l'homme, et Nilsen s'aperçut que celui-ci respirait encore faiblement.
     Il aurait pu mourir dans les minutes qui suivirent mais son tortionnaire entreprit de lui frotter les jambes énergiquement. Il le réchauffa dans des couvertures et, au bout d'un jour et demi, la victime était rétablie.
     Les inspecteurs furent sceptiques quant à la véracité de l'histoire. Cependant, Nilsen avait donné son nom, Carl Stottor, et la police le retrouva. On l'interrogea, sans lui préciser pourquoi, sur ce qui s'était passé deux ans plus tôt, lors de sa rencontre avec Nilsen dans un pub de Camden Town. Stottor raconta toute l'affaire, de la même façon que Nilsen. Les détails donnés par le meurtrier permirent finalement à la police d'identifier plusieurs victimes. Il fut donc accusé de six meurtres et de trois tentatives d'assassinat, et envoyé devant la cour d'assise. Quand il fut à la prison de Brixton, son avocat lui demanda pourquoi il avait fait cela. La réponse de Nilsen fut désarmante : " J'espère que vous me le direz " . Ce type de réplique était typique du personnage. Durant les interrogatoires et le procès, il a souvent paru totalement stupéfait de ses propres actes.
 


II                FATALE   OBSESSION    

Après un Noël solitaire, Nilsen sortit, la nuit de la
Saint-Sylvestre, pour chercher une compagnie. Dans un
pub, il rencontra un Irlandais. Il voulut empêcher, à tout
prix, que celui-ci ne le quitte.

 
     Le jour de l'an 1979, Nilsen s'éveilla, trouvant l'adolescent irlandais qu'il avait rencontré durant la nuit, dormant près de lui.
     Il avait fait sa connaissance dans un pub et l'avait ramené à Melrose Avenue ; ils avaient fêté la nouvelle année en buvant jusqu'à plus soif et s'étaient écroulés sur le lit. Ils n'avaient pas eu de rapports sexuels. Nilsen eut peur que le garçon, en s'éveillant, ne désire le quitter : il voulait à tout prix le garder. Les vêtements du jeune homme étaient par terre, près de sa propre cravate. Il la regarda, et sut ce qu'il devait faire.
     A califourchon sur son compagnon, il lui passa la cravate autour du cou et serra. L'autre se réveilla brusquement et se mit à se débattre. Tous deux roulèrent sur le sol et Nilsen serra de plus en plus fort.
     Après une minute, le corps du garçon se relâcha, mais il respirait encore faiblement. Nilsen courut alors à la cuisine remplir un seau d'eau. Il y plongea la tête de l'adolescent jusqu'à ce qu'il fût noyé.

 
UNE   ETRANGE   NUIT
 
     Nilsen fit couler un bain et porta le corps jusqu'à la baignoire pour le nettoyer. Il le sécha longuement puis il lui mit des sous-vêtements et des socquettes propres. Il le ramena dans la chambre, s'allongea et prit le corps contre lui ; ensuite, il l'étendit sur le sol et s'endormit profondément.
     Le jour suivant, il tenta de dissimuler le corps sous le plancher ; cependant, la raideur cadavérique s'étant installée, il était difficile de le mettre en place. Nilsen le retira et décida d'attendre que celle-ci se soit atténuée. Il emmena sa chienne faire sa promenade, puis il partit au travail.

" Je le regardais...tranquille,
dans mon fauteuil.
Je me rappelle que j'aurai
voulu qu'il reste
comme ça, toujours.
J'avais envie de soulager
son fardeau "
DENNIS NILSEN
 
     Quand le corps fut plus facile à manipuler, Nilsen le déshabilla à nouveau, le nettoya, se masturba près de lui et l'admira. Il s'attendait à être arrêté à tout instant et était étonné que la sonnette restât muette. Apparemment, le jeune homme qu'il avait soustrait à la vie ne manquait à personne. Cette expérience satisfaisait les fantasmes qui, désormais, le dominaient. Cependant, elle l'effrayait et il était décidé à ne pas aller plus loin. Il se jura d'arrêter de boire. Après une semaine passée avec le corps, Nilsen le mit sous le plancher : il allait y rester presque huit mois.
     Une année s'écoula avant le second meurtre ; la nouvelle victime devait être la seule dont la presse mentionnerait la disparition. Kenneth Ockendon était canadien et il visitait l'Angleterre où il devait rendre visite à des amis de sa famille. Il habitait un hôtel modeste près de la gare de King's Cross.
     Le 3 décembre 1979, il rencontra Nilsen dans un pub de Soho et ils sympathisèrent, en buvant quelques verres. Nilsen, ayant un après-midi de congé, guida son compagnon dans les quartiers pittoresques de Londres, pour y prendre des photos.
     Il lui proposa ensuite de venir jusqu'à son appartement pour manger quelque chose. En route, il s'arrêtèrent pour acheter de l'alcool et partagèrent l'addition. A Melrose Avenue, ils s'installèrent tous deux devant la télévision, mangeant du jambon, des oeufs et des chips et buvant du rhum, du whisky et de la bière.
 
UNE   MUSIQUE   FATALE

 
 
     Lorsque vint la nuit, Nilsen se dit, avec tristesse, qu' Ockendon allait vouloir partir et
qu'il rentrerait bientôt au Canada. La crainte d'être abandonné était identique à celle qu'il avait éprouvé avec le jeune Irlandais. Il savait qu'il devait tuer aussi Ockendon, pour le garder près de lui.
     Il était tard. Ils avaient bu beaucoup de rhum. Ockendon écoutait de la musique avec un casque. Plus tard, Nilsen ne se rappela plus avoir entouré le câble autour du cou de son compagnon, mais il se souvint qu'il le traîna sur le sol et lutta, parce qu'il voulait lui écouter de la musique.
     La chienne Bleep aboyait frénétiquement dans la cuisine. Nilsen retira le câble du cou du garçon, mit le casque et écouta un disque en buvant un autre verre.
     Plus tard, il déshabilla complètement le corps et le chargea sur ses épaules jusque dans la salle de bains. Il le lava puis le sécha. Ensuite, il le ramena sur le lit, s'étendit près de lui et s'endormit.
     Le lendemain matin, il le plaça dans un placard et partit travailler. Le soir en revenant, il le sortit, l'assit sur une chaise de la cuisine et lui mit des socquettes et des sous-vêtements propres. Il prit quelques photos au polaroïd, donnant au corps diverses attitudes. Ensuite, il le plaça à ses côtés dans le lit et regarda la télévision.

 
AUCUNE   TRACE
 
     Durant les deux semaines qui suivirent, Nilsen regarda régulièrement la télévision à côté du corps d'Ockendon, placé dans un fauteuil. Ensuite, il lui retira les socquettes et les sous-vêtements, l'enveloppa dans un rideau et le plaça sous le plancher pour la nuit.
     La disparition du touriste canadien fut un sujet des actualités pendant quelques jours. Nilsen se dit que plusieurs personnes devaient les avoir vu ensemble au pub, à Trafalgar Square ou dans la boutique d'alcools. Il s'attendait à ce qu'on frappe à sa porte, qu'on le questionne et qu'on l'arrête. Cependant, rien n'arriva.

 
 
 
     LA    MAISON   SANS - RETOUR
 
     Après cet épisode, les crimes devinrent plus fréquents. Durant les vingt mois qu'il passa encore au 195 Melrose Avenue, il tua encore dix fois, et jusqu'à deux fois en l'espace d'un mois. Le meurtre était devenu une habitude, un plaisir qui n'était plus gêné par l'interdit ni freiné par la crainte d'être pris.
     En effet, les gens passaient sans cesse devant la porte de Nilsen, sans jamais rien soupçonner. Les cadavres s'accumulaient au rez-de-chaussée, et les voisins ne se doutaient de rien.
     Il y avait plus de compagnons de rencontre qui venaient à l'appartement et en repartaient sains et saufs, que de garçons qui y trouvaient la mort. Il était impossible de prévoir ce qui déclenchait la pulsion de meurtre. Cependant, on constata plus tard que la rencontre avait presque toujours lieu dans un pub, et surtout dans l'un deux, fréquenté par de jeunes homosexuels solitaires et sans abri.
     Nilsen engageait la conversation, payait quelques verres, offrant réconfort, écoute, et compagnie. Il connaissait bien Londres et quelques-uns de ces jeunes gens qui erraient sans but dans cette étrange cité étaient tout prêts à accepter d'aller manger quelque chose chez Nilsen.
     Celui-ci tuait toujours par strangulation, le plus souvent avec une cravate. Il attendait que son compagnon soit ivre et fatigué, ou bien endormi. Parfois, il achevait la victime en la noyant.

 
UN   JEUNE   HOMME   MALCHANCEUX
 
     Martyn Duffey était le type même du jeune paumé qui ne peut que se laisser éblouir par un homme comme Nilsen. Il venait de Merseyside ( région de Liverpool ) et avait fréquenté les classes pour inadaptés.
     Il avait fait de nombreuses fugues, venant en stop à Londres pour découvrir que là non plus, il n'y avait pas de place pour lui. Son voyage de retour avait été entièrement payé par une association de charité.
" Je demeurai abasourdi.
Je ne pouvais pas croire,
que moi, "Des" Nilsen,
ait pu vraiment faire
tout cela "
DENNIS NILSEN
 
     Duffey avait essayé de suivre des cours de restauration mais, après un interrogatoire de la police pour avoir voyagé sans billet dans un train, il était retourné à sa marginalité et à sa révolte. Il quitta à nouveau ses parents en annonçant son intention d'aller vivre à New Brighton ( Merseyside ).
     Il revint à Londres et dormit dans les gares. Il rencontra Dennis peu avant son dix-septième anniversaire. Tous deux avaient travaillé dans la restauration, ce qui leur offrit probablement un sujet de conversation. Le jeune homme accompagna Dennis chez lui, but deux canettes de bière et s'écroula sur le lit.
     Dans l'obscurité, Nilsen s'assit près de Martyn Duffey et l'étrangla. Quand le corps fut inerte, il le traîna jusqu'à la cuisine, remplit l'évier et lui plongea la tête sous l'eau pendant à peu près quatre minutes.
     Nilsen a décrit la suite : " Je l'ai pris dans mes bras et je l'ai ramené dans la chambre. Je l'ai étendu sur le sol et je lui ai retiré ses socquettes, son jean, sa chemise et son slip. Je l'ai transporté dans la salle de bains. Je suis moi-même rentré dans la baignoire et je l'ai placé au-dessus de moi. Je l'ai lavé. Ensuite, j'ai eu du mal à le charger sur mes épaules : nous étions trempés tous les deux et son corps glissait. Je l'ai ramené dans la chambre. "
 
UN   CORPS   SI   BEAU
 
     " Je l'ai assis sur la chaise de la cuisine et je nous ai séchés tous les deux. Je l'ai étendu sur le lit, sans rabattre les draps. Il était encore très chaud. Je lui ai parlé et je lui ai dit que je n'avais encore jamais vu un corps aussi jeune que le sien. Je l'ai embrassé longuement et je l'ai serré contre moi, puis je me suis mis sur lui et je me suis masturbé. Ensuite, je l'ai mis dans le placard, provisoirement. Deux jours plus tard, il était tout boursouflé. Je l'ai caché sous le plancher ".
     Billy Sutherland avait 27 ans quand il rencontra Nilsen dans un pub, près de Piccadilly Circus. Il venait d'Edimbourg et portait de nombreux tatouages. Il était allé en prison et en centre d'éducation surveillée. Il avait une petite amie et un enfant en Ecosse ; cependant, à Londres, il vivait au jour le jour et pour subsister se prostituait occasionnellement avec les homosexuels.
     Toutefois, il avait gardé un contact étroit avec sa mère ; c'est elle qui prévint la police et l'Armée du Salut, quand elle n'eut plus de nouvelles.
     Sutherland fut une des rares victimes de Nilsen dont la disparition ait été signalée ; mais il y avait quarante hommes sur la liste des personnes disparues et il n'est pas étonnant que l'on ne soit pas remonté jusqu'à Dennis. Billy aurait pu échapper à son destin s'il avait su où aller : il était venu chez Nilsen sans y être convié.

 
" Ce fut aussi facile que de
reprendre un bonbon à un bébé.
Je pensais: "Finis les problèmes
mon vieux". Je trouvais
que c'était une faveur parce
que sa vie me semblait
être une longue épreuve "
DENNIS NILSEN
 
     Les deux hommes passèrent la soirée en allant de pub en pub, ils terminèrent leur périple vers Trafalgar Square. Nilsen en avait assez de marcher et il déclara qu'il voulait rentrer chez lui. Il alla jusqu'à la station de métro de Leicester Square et acheta un ticket. Il se retourna et vit que Sutherland l'avait suivi.
     Celui-ci lui dit qu'il n'avait nulle part où aller et Nilsen, à contrecoeur selon ses dires, lui acheta un billet et l'amena à Melrose Avenue.
     Sutherland fut tué parce qu'il était " collant ". Nilsen ne se souvint jamais très bien de ce meurtre, il se rappela de la strangulation, et du cadavre qu'il trouva au matin.
     La mort de Malcom Barlow fu encore plus fortuite. Il avait 24 ans et était seul au monde. Ses parents étaient morts et il n'avait pas d'amis ; il passait le plus clair de son temps en traitement ou dans les hôpitaux pour handicapés mentaux.

 
 
 LE   HASARD
 
    Barlow était épileptique ; c'était un garçon difficile à supporter, il était pénible et ingrat. Il traînait dans tout le pays, vivant dans les hôtels ou avec ceux qui le ramassaient dans la rue.
     Le 17 septembre 1981, il était affalé sur le trottoir, dans Melrose Avenue. Nilsen partait pour le travail. Il passa devant Barlow et lui demanda si tout allait bien. Barlow répondit qu'il ne tenait plus debout à cause des médicaments qu'il prenait.
     Dennis lui dit qu'il aurait dû être à l'hôpital, il le soutint jusqu'à son appartement et lui fit une tasse de café. Ensuite, il descendit téléphoner à une ambulance qui arriva dix minutes plus tard. Barlow partit pour l'hôpital de Park Royal.
     Il en sortit je jour suivant et signa le registre. Ensuite, il retourna à Melrose Avenue et s'assit sur le pas de porte, attendant que Nilsen revînt de son travail. Ce dernier sursauta en le voyant : " je croyais que tu étais à l'hôpital ! ". Barlow répondit qu'il allait mieux. " Tu ferais bien d'entrer " conclut finalement Nilsen.
    
UN   MELANGE   CONTRE - INDIQUE
 
     Il prépara le repas et tous deux s'installèrent devant la télévision. Nilsen se versa un verre et son compagnon en voulut aussi.
     Il lui déconseilla parce que l'alcool était contre-indiqué avec son traitement. Barlow insista, disant qu'un verre ou deux ne pouvaient lui faire de mal. Dennis céda : " fais comme tu veux ! ". L'autre but deux rhum-coca et tomba endormi sur le canapé.
     Au bout d'une heure, Nilsen essaya de le réveiller en le giflant, mais sans succès. Il pensa devoir à nouveau appeler une ambulance, mais il n'avait pas envie de se déranger. Il préféra se débarasser de Barlow en l'étranglant. Ensuite, il continua à boire jusqu'à ce qu'il fût suffisamment grisé pour aller se coucher.

 
COMME   SI    DE   RIEN   N'ETAIT
 
     Le lendemain, comme il n'était pas d'humeur à soulever les lames de parquet ( sous lesquelles se trouvaient déjà six cadavres ), il poussa le corps sous l'évier de la cuisine et partit pour l'agence pour l'emploi. Barlow fut la dernière personne à avoir trouvé la mort à Melrose Avenue. " Je regrette qu'il ait cherché à me retrouver " écrivit plus tard son meurtrier.
     Plusieurs des victimes qui avaient précédé Malcolm Barlow ne furent jamais identifiées. Il y eut un hippy aux cheveux longs, un jeune homme maigre et un jeune skinhead portant les mots " couper suivant le pointillé " tatoués sur le cou.

 
UNE   VICTIME   NON   IDENTIFIEE
 
     Nilsen se rappela des circonstances, étranges et macabres, de la mort d'une autre victime non identifiée, de 1981 : " Je lui serrai le cou et je me rappelle avoir voulu mieux voir à quoi il ressemblait. Je n'ai senti aucune résistance... Je me suis assis et j'ai attiré à moi son corps nu, abandonné et chaud. Sa tête, ses bras et ses jambes pendaient, inertes, et il semblait dormir.
     Je sentais sa chaleur sur ma peau. J'eus une érection et mon coeur se mit à battre plus vite... J'ai placé le corps sur le lit et je me suis allongé nu, à côté de lui, sur les couvertures... Le matin, je l'ai assis, toujours nu, dans le placard, et je suis parti travailler.

 
LE   MYSTERE   DE   LA   MORT
 
    
    Je n'ai pas pensé à lui de toute la  journée. Le soir, en rentrant, j'ai passé un jean et j'ai allumé la télé. J'ai ouvert le placard et j'ai pris le corps. Je l'ai lavé, habillé et assis devant le poste. J'ai pris sa main, je lui ai raconté ma journée puis j'ai fait quelques remarques acerbes sur le programme de télé... Je me rappelle avoir été très excité à l'idée que ce beau corps était entièrement en mon pouvoir...

   Jétais fasciné par le mystère de la mort. Je lui parlais doucement parce que j'avais          l'impression qu'il était encore là... J'ai continué à le dorloter comme ça longtemps et je ne crois pas que dans toute sa vie, il ait jamais été si bien traité... Au bout d'une semaine, je l'ai mis sous le plancher ".


 ( La police fouille le jardin de la résidence de Cricklewood pour y mettre au jour les restes des douze victimes ).
 
 

III          SINISTRE   LIEU
 
 
 
  Le 9 février 1983 au soir, les inspecteurs se
rendirent à Cranley Gardens, en compagnie du Professeur Bowden, médecin légiste.
Les photos des policiers montrent l'appartement tel qu'ils le trouvèrent,
les sinistres preuves au grand jour.

 
 
     La porte du 23 Cranley Gardens s'ouvrait sur un escalier conduisant au deuxième étage.
Au deuxième se trouvait l'appart de Nilsen. Sa cuisine, équipée d'une cuisinière et d'un évier, était sur la gauche. Cette cuisinière était recouverte de graisse, qui provenait en grande partie de corps humains.
     Deux corps avaient été découpés dans la baignoire. En dessous de celle-ci on trouva la partie inférieure du cadavre de Stephen Sinclair. A droite, donnant sur la rue, se trouvait la salle de séjour, avec deux fauteuils, quelques bouts de moquette, un coffre à thé dans un coin, et une grande armoire.
     Le coffre contenait des membres humains et un crâne, recouverts de journaux et d'un vieux rideau. Dans l'armoire les deux sacs poubelles qui renfermaient des membres et des viscères furent retrouvés.
                                                                                                                                                 
 



 
3         MEURTRES EN SERIE

Quand Nilsen vint habiter Muswell Hill, il pensait
commencer une vie nouvelle, libérée de la mort.
Cependant, s'il laissait derrière lui des cadavres, le
besoin de tuer n'allait pas le lâcher.

 
     Nilsen n'était nullement gêné de partager son appartement avec des cadavres. Cependant un problème se posa lorsque la place vint à manquer pour les nouveaux arrivants. La première victime fut brûlée dans le jardin, sur un grand feu de branchages, après sept mois et demi passés sous le plancher.
     A la fin des années 1980, Dennis avait accumulé six nouveaux corps. Plusieurs étaient sous le parquet, d'autres avaient été découpés et placés dans des valises, rangées ensuite dans la cabane du jardin. Nilsen soulevait les lames du parquet, tirait un corps dans la cuisine, buvait deux ou trois verres bien tassés et s'attaquait au découpage. Il plaçait les morçeaux dans des sacs poubelles en plastique noir.
     Il était assez facile de se débarasser des viscères. Il les plaçait entre deux planches, dans un coin du jardin. En quelques jours, ils disparaissaient, dévorés par les chats, les rats et les oiseaux.
     Au début de décembre 1980, il fit un énorme feu de branchages et y jeta divers morceaux de corps humains, enveloppés dans de vieux tapis. Il ajouta un vieux pneu pour masquer l'odeur. Ce feu dura toute la journée, Nilsen y lançant du bois de temps en temps. Les enfants du quartier s'amusèrent à contempler le spectacle.
     Il y eut un autre feu du même type avant que Nilsen ne quittât définitivement Melrose Avenue, à la fin 1981. En emménageant à Cranley Gardens, il pensait changer de vie puisqu'au deuxième étage, il n'aurait plus la possibilité de placer les corps sous le parquet, ni de les brûler dans le jardin.

 
Vivienne McStay et Monique Van Rutte occupaient l'étage en dessous. Elles trouvaient que Nilsen était un " type merveilleux ", elles l'appelaient leur " chevalier en armure blanche ". Mlle McStay ajouta : " Il nous avait jeté un charme par ses paroles ".
 
LA RECHUTE
 
     Peu après son déménagement, Nilsen recueillit un jeune homme qui était sur le point de se faire prendre par la police de Londres, à West End. Il le ramena chez lui, lui donna un repas et un lit pour la nuit - l'autre s'en alla le lendemain matin. Nilsen était content qu'il ne se fût rien passé. Il y eut d'autres rencontres de hasard qui se terminèrent sans problème. Pourtant, les meurtres allaient reprendre.
     John Howlett fut le premier à perdre la vie à Cranley Gardens. Nilsen en parla toujours sous le nom de John the Guardsman, " le planton ". Ils s'étaient déjà rencontrés une fois et c'est John qui aborda Dennis pour le lui rappeler. Après avoir passé la soirée avec lui, Nilsen l'étrangla avec une sangle de fauteuil. Cependant, l'autre résista et la lutte fut longue. Nilsen dut en dernier ressort recourir à la noyade pour achever sa victime.
     Nilsen alla se coucher exténué. Il confia qu'il avait cru un moment que John allait l'emporter : " Durant une semaine, mon cou a porté la trace de ses doigts ".

 
L'HOMME A L'OMELETTE
 
     Graham Allen mourut alors qu'il mangeait une omelette préparée par Nilsen. Ce dernier ne se souvint pas l'avoir tué, mais admit qu'il l'avait sans doute fait.
     Stephen Sinclair fut la dernière victime et c'est son corps que Nilsen découpa durant le week-end qui précéda à son arrestation. Toutefois, les restes qui bouchèrent l'égout furent probablement ceux de Graham Allen.
     Sinclair était lui aussi un paumé : punk, drogué, candidat au suicide et petit délinquant. Il traînait dans Londres, cherchant à se procurer de quoi survivre. Nilsen le rencontra le soir du 26 janvier 1983.
     Il se sentit plein de compassion pour lui, lui paya un hamburger dans un McDonald et l'emmena chez lui. Le récit de la mort de Sinclair fut plus détaillé - et plus insupportable - que celui des autres victimes parce que le souvenir était encore frais.

 
LE DERNIER MEURTRE
 
     Sinclair était affalé sur une chaise, abruti d'alcool et de drogue. Nilsen alla chercher un morceau de ficelle dans la cuisine, mais il n'était pas assez long. Il dénicha une cravate et il la noua à la ficelle. Il ordonna à sa chienne Bleep d'aller dans l'autre pièce. " En y repensant, je crois qu'elle savait ce qui allait se passer... " écrivit-il ; " mais elle aussi s'était résignée ".
     " J'étais étendu. Je ne me posais pas de problèmes moraux. C'était quelque chose que je devais faire... Je pensais à toutes ses potentialités, à sa beauté, et à toute cette misère qu'était sa vie... Il fallait que ça cesse. Tout serait bientôt fini... Je n'avais pas l'impression de mal faire, ni d'être un criminel.
     " Je suis allé vers lui. J'ai soulevé un de ses poignets et je l'ai lâché : il est retombé, inerte. J'ai ouvert un de ses yeux, il était fixe. Il était inconscient. J'ai passé la ficelle autour de son cou. Je me suis agenouillé près de la chaise, face au mur. J'ai pris les deux bouts et j'ai tiré de toutes mes forces.

 
" La victime, c'est le plat sale après la
fête, et il faut bien faire la vaisselle...
Parfois, j'entendais un morceau
de musique que je mettais au moment
des meurtres - cela me jetait dans
un profond trouble ".

DENNIS NILSEN
 
      " Il a cessé de respirer. Lentement, ses mains se sont élevées vers son cou et j'ai maintenu mon effort. Ses jambes se sont tendues en avant. J'ai serré encore pendant deux minutes. Il s'est relâché et n'a plus bougé. J'ai desserré et j'ai retiré la ficelle et la cravate. Il avait cessé de respirer. Je lui ai parlé : " Stephen, ça ne t'a pas fait mal. Il ne peut plus rien t'arriver, maintenant ". J'ai passé mes doigts dans sa chevelure blonde décolorée. Son visage était paisible. Il était mort. "
     Deux semaines plus tard, les inspecteurs de la police trouvèrent le corps de Sinclair, entièrement découpé, dans l'appartement de Nilsen.

 
4              LE PROCES

Le jury resta silencieux lorsque l'avocat de l'accusation
fit le récit des quinze meurtres. Certains jurés
semblaient éberlués et incrédules. C'était le début de
deux éprouvantes semaines.

 
 
 25 octobre 1983 : Dennis Nilsen dans le box du tribunal, prenant des notes et lisant les documents.

    
Nilsen fut placé en détention préventive, à la prison de Brixton, dans le sud de Londres. On le mit dans un quartier de haute sécurité, ce qui signifie qu'il passait toute la journée dans une cellule, avec seulement une demi-heure de promenade surveillée. Il souffrit beaucoup de cette condition. Puisqu'il avait collaboré avec la police, il pensait qu'il aurait droit à un meilleur traitement.

     On lui infligea cinquante six jours de cachot pour avoir agressé un gardien, parce que le seau hygiénique n'avait pas été vidé. Il avait des périodes de profonde dépression. Cependant, son amitié avec un compagnon de cellule, David Martin, lui remonta le moral et l'aida à passer les jours et les mois de détention préventive.

 
     DANS LE BOX
 
     Le procès de Dennis Andrew Nilsen, accusé de six meurtres et de deux tentatives d'assassinat, s'ouvrit le 24 octobre 1983 au tribunal d'Old Bailey, devant le juge Croom-Johnson. L'homicide n'étant pas mis en doute, le procès allait soulever la question de la santé mentale de l'accusé.

    Allan Green, le procureur,
fut d'une courtoisie désarmante
envers Nilsen au cours du procès.
Sa réquisition fut poignante mais ne
sombra pas dans le drame, ni dans le
tragique.

 
     Allan Green, avocat de l'accusation, affirma que Nilsen avait tué en pleine conscience et volontairement, et qu'il était donc coupable de meurtre. Ivan Lawrence, avocat du prévenu, soutint qu'il souffrait d'une maladie mentale et qu'il n'avait pas contrôlé ses actes ; il plaida donc l'irresponsabilité.
 
IRRESPONSABLE ?
 
     L'accusation était pourtant d'accord avec la défense pour reconnaître que Nilsen était anormal. Cependant, l'avocat de la défense assurait qu'il s'agissait d'une anormalité " fondamentale " excluant donc la responsabilité. Cette thèse était évidemment contestée par la partie civile. C'est précisément sur cette distinction que le jury allait devoir se prononcer et juger Nilsen.
     Tout d'abord, Nilsen avait voulu éviter ce débat en plaidant coupable : le procès n'aurait alors duré qu'une seule journée. Les preuves, réunies par la police, et qui contenaient de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête des jurés, n'auraient pas été exposées et on aurait épargné aux familles des victimes le récit détaillé de la mort d'un l'être cher.
     Cependant, en changeant d'avocat, Nilsen changea aussi son système de défense : maître Ralph Heems estima qu'il y avait matière à plaider la " responsabilité atténuée ", par suite de troubles mentaux. Cela signifiait qu'il faudrait, pour juger la chose, examiner en détail toute l'affaire.
 
L' ACCUSATION

 
     Néanmoins, maître Allan Green promit au jury qu'il n'aurait pas à examiner les photos prises par la police à Cranley Gardens et à la morgue de Hornsey. Il avertit aussi qu'il ne tenterait pas de prouver qu'il s'agissait de meurtres spécifiquement homosexuels - c'est-à-dire - que les victimes avaient été tuées parce qu'elles avaient refusé les avances de l'accusé. Il déclara considérer que c'était par hasard que les rencontres avaient eu lieu dans des pubs fréquentés par des homosexuels.
     Pour l'essentiel, il reprit les aveux de Nilsen, suivant pas à pas ceux-ci pour chacun des quinze meurtres, en s'arrêtant surtout sur celui de John the Guardsman, qui était particulièrement terrifiant.
     En outre, il ne manqua pas de faire frissonner le jury par l'évocation des éboueurs emportant des restes humains parmi les ordures ménagères.

 
LES TEMOINS
 
     Trois témoins furent appelés pour confirmer que Nilsen avait tenté de les tuer. C'étaient Douglas Stewart, qui avait signalé son agression à la police, Paul Nobbs et Carl Stottor. L'histoire de Stewart fut rapidement entendue, mais quand Paul Nobbs arriva à la barre, l'atmosphère changea de suite.
     C'était un jeune étudiant, il était tendu mais ses déclarations furent précieuses. Il raconta comment Nilsen l'avait aidé à échapper aux avances d'un autre homme, comment ils étaient allés dans une librairie, puis à Cranley Gardens.

 
UNE MINE AFFREUSE


 Paul Nobbs

     Répondant aux questions, il révéla que c'était lui, Nobbs, qui avait abordé Nilsen, ce qui ne permettait pas de présenter ce dernier comme un " dragueur ". Il affirma qu'il avait trouvé en lui un compagnon amical et serviable : il ne l'avait pas forcé à boire, ni empêché de téléphoner à sa mère pour lui dire où il était. Il n'avait pas eu non plus de geste déplacé et ne s'était pas montré violent.

     Nobbs avait dormi à Cranley Gardens et s'était réveillé à 2h du matin avec un violent mal de tête. Il s'était rendormi, puis réveillé de nouveau à 6h. C'est alors qu'il s'était vu dans une glace : il avait les yeux complètement injectés de sang, le blanc n'était plus visible.

     Il portait en outre une marque rouge au cou, et se sentait fort mal. Nilsen lui dit qu'il avait une mine affreuse et qu'il devait aller voir un médecin. Ils se séparèrent amicalement.
     A l'hôpital, on apprit à Nobbs qu'il avait subi une tentative d'étranglement. Il se dit que Dennis Nilsen était le coupable, mais il n'alla pas voir la police. Il déclara à la Cour qu'il avait craint de ne pas être cru. Il avait redouté aussi les mauvais traitements réservés aux homosexuels.
     Parlant d'une voix hésitante mais calme, Nobbs affirma qu'il n'avait rien dit ou fait qui aurait pu provoquer une agression, et que le lendemain, Nilsen n'avait fait aucune allusion à quoi que ce fût. Il estima que l'attaque avait dû intervenir avant 2h du matin, et que Nilsen l'avait donc laissé dormir ensuite, pendant quatre heures, alors qu'il était toujours à sa merci. 
     La défense utilisa le témoignage de Paul Nobbs pour démontrer que Nilsen pouvait se conduire tout à fait normalement, puis être brusquement possédé par une pulsion de meurtre. En d'autres termes, il était malade mental.

 
LE CAUCHEMAR DE STOTTOR

Carl Stottor
 
     Le témoins suivant, Carl Stottor, raconta une histoire incroyable d'une voix presque inaudible. Mais, la conclusion qu'on pouvait en tirer était la même: Nilsen était fou. Il déclara qu'il se trouvait au bord du suicide, après une rupture, quand il avait rencontré Nilsen, dans un pub de Camden Town. Celui-ci l'avait réconforté, avait essayé de l'amuser et lui avait dit qu'il ne fallait pas penser au suicide à son âge : " Je le trouvais vraiment très gentil de me parler ainsi alors que j'étais en pleine déprime ".
     Ils allèrent à Cranley Gardens, en se tenant la main dans le taxi, sans arrières pensées sexuelles - Nilsen avait promis de ne pas le toucher. Stottor se mit au lit. Quand on lui demanda ce qu'il se rappelait des événements de la nuit, il raconta un véritable cauchemar.
     " Je me suis réveillé en sentant quelque chose autour de mon cou. Ma tête me faisait mal et je n'arrivais pas à respirer librement : je me demandais ce qui se passait.
     " J'avais la sensation d'étouffer, mais curieusement je n'éprouvais aucune crainte. Je me sentais dans une sorte d'état second, entre le rêve et la réalité. Mes oreilles bourdonnaient et le sang battait dans mes tempes. La salive me manquait et ma bouche était sèche ".

 
PERTE DE CONSCIENCE
 
     " Je sentis la main de Nilsen qui essayait d'ouvrir la fermeture éclair, derrière ma nuque. Il dit, assez fort, mais comme en chuchotant : " Reste tranquille, reste tranquille ". J'ai cru que, peut-être, il essayait de m'aider à me dégager du sac de couchage : il m'avait dit de faire attention à ne pas me faire coincer dans la fermeture. Ensuite, je perdis connaissance ".
     Stottor marqua alors un temps d'arrêt, comme si le rappel de tout cela en public lui était pénible. Dans la salle on aurait entendu une mouche voler. Le juge le laissa reprendre son souffle. Il poursuivit : " Mon cou était de plus en plus serré. Ma tête me faisait mal et je ne pouvais plus respirer. Je me rappelle vaguement avoir entendu l'eau couler. J'ai pensé que j'allais mourir. Je me suis dit que cet homme m'assassinait et que j'allais mourir. J'ai pensé tu te noies. C'est pour ça que tu as l'impression que tu vas mourir. J'étais très détendu et j'ai perdu conscience. Je ne pouvais plus lutter ".

 
UNE ATTITUDE ETONNANTE
 
     Carl Stottor raconta qu'il s'était  évanoui et était revenu à lui à plusieurs reprises. Il fut étonné de sentir la chienne Bleep lui lécher le visage : il était sur le lit et Nilsen  le frictionnait pour le réchauffer.
     Quand il fut debout, il vit qu'il avait une marque horrible et rouge sur le cou et que ses vaisseaux sanguins avaient éclaté sur tout le visage. Nilsen le conduisit jusqu'au métro et lui souhaita bonne chance.
     Ce récit montra que Nilsen se conduisait normalement avant et après l'agression : il avait " sauvé " Stottor alors qu'il aurait pu, facilement, le laisser mourir.
     L'avocat de la défense, en interrogeant le témoin, cherchait à montrer que Nilsen était pour le moins anormal et, en fait, complètement incapable de contrôler ses actes. Il questionna habilement Stottor :
          " L' accusé était-il calme et compatissant après les faits, comme s'il était inconscient de vous avoir fait du mal "?
          " Oui " répondit le témoin.
          " C'est vraiment bizarre " conclut l'avocat en se rasseyant
.
" Je suis étonné de n'avoir pas une larme pour ces victimes. Je n'ai pas une larme
pour moi-même, ni pour les proches
des disparus ".
DENNIS NILSEN

 
LE RECIT DE L'INSPECTEUR PETER JAY

     L'inspecteur principal Peter Jay vint alors rendre compte, à la barre, de l'attitude de Nilsen devant les interrogatoires : il l'avait trouvé détendu, coopératif et impassible. Il convint qu'il était inhabituel qu'un homme accusé de crimes terribles se montrât si disposé à informer ses accusateurs. Il mentionna aussi qu'il y avait eu quelques plaisanteries, la police estimant cela nécessaire pour passer en revue un tel catalogue d'horreurs. Un agent avait dit à Nilsen de jeter le mégot de sa cigarette dans les toilettes, celui-ci répondit :
" La dernière fois que j'ai fait cela, on m'a arrêté ".
 
ATROCITES
 
     Ensuite, le commissaire de police de Hornsey, Chambers, vint lire à la barre la transcription des aveux de Nilsen. Il lui fallut tout un après-midi et le matin suivant. Le récit détaillé de tant de décapitations, de dépecages et de découpages - énoncé d'une voix neutre et impersonnelle - jeta un froid dans le tribunal.
     Parmi les jurés, une femme semblait sur le point de s'évanouir, une autre regardait Nilsen, dans le box des accusés, avec des yeux chargés de haine ; un homme avait plongé sa tête dans  ses mains.
     C'était un moment difficile pour Dennis, mais il demeurait absorbé dans son exemplaire de la transcription, comme s'il avait voulu s'assurer qu'il n'y avait pas d'erreur de lecture.
 
LES ARMES DES CRIMES
 


     Dennis Nilsen tuait ses victimes par strangulation, il les achevait parfois par noyade. Les armes des crimes étaient diverses. C'étaient généralement des cravates. Lors de son procès, Nilsen déclara qu'au début de ses crimes, il avait quinze cravates, mais peu avant son arrestation, il ne lui en restait plus qu'une.
     L'une des victimes, Kenneth Ockendon, fut étranglé avec le câble d'un casque de hi-fi, avec lequel il écoutait de la musique. Après avoir dégagé le câble du cou, Nilsen plaça lui-même le casque sur ses oreilles. Cet objet se trouvait au tribunal, pour être présenté aux jurés. Il y avait aussi l'arme du dernier crime, la cravate nouée à une ficelle, avec laquelle Stephen Sinclair avait été étranglé. Les deux couteaux de cuisine qui avaient servi à dépecer les corps étaient également exposés avec un affûteur et une grande planche à découper.
     Mais c'est sans doute la marmite, dans laquelle Nilsen avait cuit les têtes de ses dernières victimes, qui fit frissonner l'audience d'horreur lors du procès.

 
5            LA      PERPETUITE



Fou ou pas ? Même les psychiatres avaient du mal à
expliquer les actes de l'homme que l'on jugeait. Après
douze heures de délibération, le jury allait rendre son
verdict.

 
     Dans la salle d'audience, les choses se gâtèrent singulièrement avec les déclarations des psychiatres, appelés par la défense pour donner leur point de vue sur l'état mental de Nilsen.
     Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que surgissait ainsi, en plein tribunal, l'antagonisme opposant magistrats et médecins psychologues au sujet de la santé psychique des accusés.

 
L' IRRESPONSABILITE  JURIDIQUE
 
     Ivan Lawrence, au nom de la défense, rappela au jury qu'il ne devait pas se laisser aller à un sentiment d'horreur, mais examiner sérieusement la question en cause : Nilsen était-il suffisamment malade pour être considéré comme juridiquement irrésponsable.
     Le Dr MacKeith expliqua que Nilsen avait des difficultés à ressentir d'autres émotions que la colère, et qu'il avait tendance à attribuer à autrui certains sentiments, sans s'assurer s'ils étaient ou non réels. Il montrait de nombreux signes d'inadaptation qui, présents chez un même individu, étaient d'une grande gravité.
     Il ne considérait pas les autres comme des personnes, mais comme des éléments de ses fantasmes : le médecin parla de " dépersonnalisation ".
     Lors de son contre-interrogatoire, pour l'accusation, Allan Green fut assez violent. Il dit à MacKeith que son exposé était fort loin d'être clair ; il s'attacha à prouver que Nilsen, contrairement à ce que laissait entendre le psychiatre, était rusé, ingénieux et intelligent. Il prit comme exemple les meurtres de John the Guardsman et de Malcom Barlow. Dans ce dernier cas, Nilsen avait réfléchi vingt minutes avant de se décider à tuer ce jeune épileptique inconscient qui le gênait. MacKeith convint que, dans cet exemple particulier, la " dépersonnalisation " n'était pas évidente.
     " Et cependant, " poursuivit Green d'un ton péremptoire, " vous dites que la responsabilité était diminuée à ce moment là ? Allez-y docteur, répondez à ma question ! ".
     La tension monta d'un cran. Médecins et avocats ne parlaient pas le même langage et employaient des concepts différents.
     La confusion régnait et les deux parties en présence se montraient insatisfaites. Ce fut la même chose avec le témoin suivant, le Dr Gallwey, qui parla " d'état limite ".
     Le juge traduisit certainement les interrogations du jury en demandant au spécialiste de ne pas employer de jargon technique.

 
LA   PREMEDITATION
 
     Le médecin essaya d'expliquer que Nilsen combinait des éléments paranoïdes et schizoïdes, ce qui l'empêchait de considérer les personnes comme des individus à part entière.
     Il les regardait comme des objets appartenant à son monde intérieur. Gallwey ajouta qu'il était important de comprendre que Dennis n'avait pas une sensibilité normale.
     " Je ne vois pas comment il pourrait être coupable de préméditation s'il est entièrement dépourvu de sensibilité, puisque la sensibilité est ce qui constitue les raisons et les motivations d'une personne " .

 
" Ce que j'ai fait ne m'a
pas fait perdre le sommeil, ni ne
m'a donné de cauchemars ".
DENNIS NILSEN

     Le juge Croom-Johnson lui répondit qu'il empiétait sur l'interprétation de la loi, alors qu'il aurait dû laisser ce débat à d'autres.
     Ce type d'argument fut constamment utilisé par le représentant de l'accusation au cours de son contre-interrogatoire, qui prit l'aspect d'un dialogue de sourds.
     " Il savait exactement ce qu'il faisait " martela Allan Green avec beaucoup de conviction.
     " Oui, si l'on ne prend pas en compte l'aspect affectif. Mais cet aspect est cependant essentiel " .
     " Vous ne contestez donc pas qu'il était intellectuellement conscient de ses actes " .
     " Non."
     " Il savait ce qu'il faisait ? "
     " On ne peut pas dire cela. Il faut distinguer entre conscience intellectuelle et affective. Puisqu'il y avait suppression de la sensibilité, il agissait comme une machine " .
     " Pouvait-il reconnaître la nature et la gravité de ses actes ? " demanda-t-il pour finir.
     " Non. Il reconnaissait leur nature, mais pas leur gravité " .

 
LE TEMOIN DE L'ACCUSATION
 
     Ensuite, ce fut à l'accusation de produire un témoin pour réfuter les thèses de la défense.
     Un troisième psychiatre vint donc à la barre pour proposer un autre diagnostic. Le Dr Bowden expliqua à tout le jury qu'on ne pouvait pas parler d'anormalité, au sens juridique du terme.
     Il suggéra qu'en fait, Nilsen voulait simplement tuer des gens ; il ajouta qu'il ressentait une certaine sympathie pour lui, mais qu'il ne pouvait pas lui trouver d'excuses psychiatriques.
     Il fut le seul des trois médecins à signaler qu'il pensait que Nilsen éprouvait des remords et qu'il lui avait vu, une fois, les larmes aux yeux. Cependant, sur la responsabilité du prévenu, il fut catégorique : " mon expérience m'a montré que la grande majorité des assassins ne pouvaient considérer leurs victimes que comme des objets, sinon, ils n'auraient pas été capables de les tuer " .

 
LES  CONCLUSIONS   DU   JUGE
 
     Le discours clair et péremptoire du Dr Bowden fut bien reçu par le jury. Cependant, il en fit certainement trop en refusant obstinément de reconnaître, pressé par les questions de la défense, qu'il y avait quoi que ce fût d'anormal chez Nilsen.
     Il revenait au juge de donner une conclusion à cet imbroglio.
     L'accusation avait répété que l'accusé savait exactement ce qu'il faisait, alors que la défense avait affirmé qu'il en était simplement capable.
     Le juge Croom-Johnson parla durant quatre heures. Il tenta d'expliquer au jury les subtilités de la loi, mais ajouta aussi des réflexions de son cru pour se faire entendre : " Il y a des gens mauvais qui commettent de mauvaises actions, et le meurtre est l'une d'elle " . Il dit aussi : " On peut être mauvais sans être anormal " .
     Il s'aventurait ainsi, à sa manière, sur le terrain de la philosophie du Bien et du Mal, apportant sa contribution à un débat séculaire.

 
MISE   EN   CAUSE
DU   DISCOURS   PSYCHIATRIQUE

 
     Les psychiatres ne parlent jamais de " mal ", cette notion ne faisant pas partie de leur problématique.
     En général, les magistrats évitent d'utiliser ce terme mais, dans le cas de Dennis Nilsen, le juge estima qu'il valait mieux utiliser des mots du langage courant pour que le jury se fasse une opinion par lui-même.
     En ce qui concerne la personnalité de Nilsen, le juge fut tout aussi simpliste : " On ne peut pas trouver d'excuses pour Nilsen, parce qu'il présente des défauts d'ordre moral ; une mauvaise nature n'arrête ni ne retarde le développement intellectuel " .

 
DES   DELIBERATIONS  
INTERMINABLES

 
     Le juge laissa clairement entendre que, pour lui, Nilsen n'était pas fou et qu'il fallait que le jury se prononçât pour la culpabilité.
     Les délibérations du jury commencèrent le jeudi 3 novembre 1983, en fin de matinée.
     Malgré les explications du juge Croom-Johnson, les jurés furent incapables d'arriver à une décision et ils passèrent la nuit dans un hôtel. Le vendredi, il ne réussirent pas non plus à se mettre d'accord à l'unanimité sur la responsabilité de Nilsen pour chacun des meurtres. Aussi, le juge Croom-Johnson demanda une décision à la simple majorité.
     Le 4 novembre, à 16h25, après un procès d'un mois, le jury rendit un verdict de culpabilité sur les six chefs d'inculpation pour meurtre, par dix voix contre deux, et un verdict de culpabilité pour une des tentatives de meurtre, par dix voix contre deux également. Pour l'agression de Paul Nobbs, il y eut unanimité pour la culpabilité.
     Le juge condamna Dennis Andrew Nilsen à la prison à perpétuité, verdict qui fut assorti d'une peine de sûreté de 25 ans.
     En apparence serein, Nilsen, emmené par ses gardes, savait qu'il ne retrouverait sans doute jamais la liberté.


LE SAVIEZ-VOUS ?

     En
1992, il commence à écrire en prison sa biographie (Nilsen : mémoires d’un homme qui se noie). Dans un premier temps, les autorités pénitentiaires lui confisquent ses écrits, mais la justice donne raison à Nilsen qui a la permission de continuer à écrire. Quatre cents pages plus tard, la justice se penche à nouveau sur le manuscrit et découvre le contenu morbide où Nilsen décrit avec détails des démembrements et des actes de nécrophilie.

     En 2001, Nilsen poursuit sa prison en justice pour discrimination sexuelle : les vidéos et revues gays lui sont interdites alors que les prisonniers hétérosexuels ont accès à des films et magazines spécialisés.

     En décembre 2003, la justice rend son verdict sur le manuscrit de Nilsen. Le tribunal signifie à Nilsen l’interdiction de poursuivre sa biographie et le manuscrit est saisi.


 

 
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