Nom : Jerome Henry Brudos |
Alias : "The lust killer" |
Date de naissance : 31 janvier 1939 |
Classification : Tueur en série |
Caractéristiques : Nécrophile - Fétichiste |
Nombre de victimes : 3-4 |
Date des meurtres : 1968-1969 |
Date d'arrestation : 25 mai 1969 |
Méthode de meurtre : Strangulation |
Lieu : Oregon, USA |
Statut : Décédé le 28 mars 2006 |
I LA RIVIÈRE SANS RETOUR
La police de l'État de l'Oregon est déconcertée
par les disparitions de plusieurs jeunes femmes.
Lorsque deux corps sont repêchés dans une rivière,
les policiers comprennent qu'un tueur en série
est en liberté, prêt à frapper à nouveau.
La rivière Long Tom, dans l'Oregon, livra les corps de Linda Salee et de Karen Sprinker. Les dépouilles furent découvertes à deux jours d'intervalle et à quinze mètres l'une de l'autre.
En mai 1969, deux terribles découvertes firent comprendre à la police de Portland, dans l'État de l'Oregon, qu'un pervers meurtrier était en liberté. Le 10 mai, un pêcheur avait aperçu, depuis le Bundy Bridge qui enjambe la rivière Long Tom, un paquet bizarre flottant sur l'eau. Lorsqu'il était descendu regarder de plus près, il avait eu un choc : il s'agissait d'un cadavre boursouflé, encore vêtu d'un manteau. Les policiers du comté de Benton repêchèrent le corps d'une jeune femme, lesté d'une boîte de vitesses de voiture qui pesait aussi lourd qu'elle.
Le Dr William Brady, médecin légiste, estima que le corps avait séjourné dans l'eau environ deux semaines. Le décès était dû à la strangulation par un lien. Le corps avait été immergé trop longtemps pour qu'il soit possible de déterminer si la victime avait été violée ou non.
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Linda Salee était une ravissante jeune fille de vingt-deux ans. Elle avait disparu le 23 avril 1969, alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre son petit ami.
Le médecin découvrit quelque chose de curieux, qu'il ne parvint pas à expliquer. Quelques centimètres au-dessous de chaque aisselle, on discernait ce qui semblait être un trou d'aiguille entouré d'une zone de peau brûlée.
Il fut aisé d'identifier la jeune femme : Linda Salee, vingt-deux ans, avait disparu depuis le 23 avril. Elle était sortie de son travail comme d' habitude, et devait aller retrouver son petit ami. Sa Volkswagen rouge fut retrouvée dans un parking souterrain.
Deuxième corps
Des plongeurs de la police passèrent les deux jours suivant à explorer la rivière à la recherche d'indices. Le lundi 12 mai, à quinze mètres de l'endroit où la dépouille de Linda Salee avait été découverte, un deuxième corps
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fut repéré. Il avait également été lesté avec une lourde pièce de moteur de voiture, une culasse. Le médecin légiste estima que le corps avait séjourné dans l'eau environ deux mois.
Cette estimation permit d'établir que la dépouille était vraisemblablement celle de Karen Sprinker, une jeune étudiante qui avait disparu sans laisser de traces le 27 mars. Mr. et Mrs. Sprinker vinrent identifier le corps : il s'agissait bien de leur fille Karen.
Karen Sprinker
Six semaines auparavant, Karen Sprinker devait déjeuner avec sa mère dans un grand magasin de Salem, dans l'Oregon. Elle n'était jamais arrivée. Sa voiture avait été retrouvée dans un parking, en parfait état et encore verrouillée. Cette fois encore, les policiers découvrirent certains éléments étranges et effrayants. Le corps était entièrement habillé, mais le soutien-gorge en coton que la jeune fille portait avait été remplacé par un autre,
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noir, trop grand pour elle. Les deux seins avaient été découpés et à leur place se trouvaient deux boules de papier d'emballage chiffonnées. Comme Linda Salee, Karen Sprinker avait été étranglée avec un lien.
Linda et Karen n'étaient pas des cas isolés : une douzaine de jeunes femmes avaient disparu dans l'Oregon au cours des deux années précédentes. Avant les découvertes dans la rivière Long Tom, une seule d'entre elles avait été retrouvée.
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L'enquête sur les meurtres de Linda Salee et de Karen Sprinker débuta à l'université d'État de l'Oregon à Corvallis ( ci-contre ). Karen y était inscrite en première année de médecine. Les policiers s'installèrent sur le campus et parlèrent à toutes les étudiantes qui connaissaient Karen. On leur demanda de donner les coordonnées de chaque personne avec qui elles étaient sorties au cours des trois derniers mois.
Stephanie Vilcko, seize ans, avait disparu de chez elle, à Portland, en juillet 1968 ; son corps réduit à l'état de squel-
ette gisait sur la berge d'un petit cours d'eau. Cependant, deux autres disparit-
ions évoquaient de façon inquiétante celles de Linda Salee et Karen Sprinker : |
Linda Slawson, une vendeuse d'encyclopédies, n'était pas rentrée chez elle à Portland, le 26 janvier 1968 ; et Jan Whitney, vingt-trois ans, avait disparu le 26 novembre 1968 entre Eugene, dans l'Oregon, et McMinnville, au sud de Portland. Sa voiture en panne avait été retrouvée garée en bordure d'autoroute.
Le policier qui enquêtait sur la disparition de Karen Sprinker et de Linda Salee était l'inspecteur Jim Stovall. Depuis la découverte des corps, il n'avait relevé aucun élément supplémentaire quant à l'identité du tueur. Deux hypothèses s'offraient à lui :
_ le meurtrier était probablement électricien - les deux corps avaient été attachés avec du fil électrique ou mécanicien automobile - les pièces utilisées pour lester les corps provenaient de moteurs.
Stovall décida de commencer par enquêter sur le campus de l'université où Karen Sprinker étudiait, à Corvallis, à cent vingt kilomètres au sud de Portland. Stovall et son équipier, Gene Daugherty, s'installèrent dans une chambre sur le campus.
Les deux policiers passèrent des journées entières à interroger les étudiantes de l'université une à une. Ils réunirent plusieurs témoignages concernant un étranger, mentionné par diverses étudiantes. Celui-ci avait la manie de téléphoner à la résidence universitaire en demandant à parler à différentes jeunes filles, qu'il appelait par leur prénom.
Lorsque l'une d'elle répondait, il lui parlait assez longuement de lui ; il affirmait être un vétéran du Vietnam, et donnait d'autres détails - par exemple, il prétendait être " médium ". En général, il invitait la fille à sortir avec lui, et semblait offensé quand elle refusait. Quand l'une des étudiantes mentionna qu'elle avait accepté de rencontrer " le vétéran du Vietnam ", l'intérêt de Stovall s'accrut soudainement.
L'étudiante avait trouvé l'homme en question décevant. Il avait de l'embonpoint, son visage était couvert de taches de rousseur, et il semblait avoir dépassé la trentaine. De plus, ses petits yeux plissés, noyés dans une face trop ronde et peu avenante, lui donnaient un air singulièrement fourbe. Néanmoins, l'homme ne paraissait pas désagréable, et l'étudiante s'était assise avec lui dans le salon de la résidence, où ils avaient discuté assez longuement. Elle avait eu le sentiment qu'il était un peu " bizarre ". Son malaise s'était accentué quand l'homme avait mis la main sur son épaule pour lui faire la remarque suivante :
" Tu peux te sentir triste. "
" Pourquoi ", demanda-t-elle.
" Pense à ces deux filles dont les corps ont été retrouvés dans la rivière ", répondit-il.
En partant, il lui avait demandé si elle voulait venir avec lui faire un tour en voiture. Elle avait refusé poliment et " le vétéran du Vietnam " avait fait un commentaire curieux : " Comment savoir si je ne t'aurais pas emmenée à la rivière pour t'étrangler. "
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Stovall et Daugherty furent encore plus intéressés en apprenant que l'étrange " prétendant " de l'étudiante avait dit qu'il rappellerait peut-être.
" S'il rappelle, accepteriez-vous de le laisser venir ici, puis de nous contacter immédiatement ? ", demandèrent les policiers. La jeune fille était réticente, mais elle finit par accepter quand les policiers lui assurèrent qu'il seraient là avant l'homme. Elle devrait simplement trouver une excuse pour le retarder d'une heure.
Le dimanche 25 mai, les policiers de Corvallis reçurent l'appel qu'ils attendaient. " Le vétéran du Vietnam " avait téléphoné à la jeune fille quelques minutes auparavant, en demandant s'il pouvait passer la voir. Elle avait dit qu'elle voulait d'abord se laver les cheveux, et lui avait demandé de n'arriver qu'environ une heure plus tard.
" Il était plutôt potelé et
commençait à perdre ses
cheveux. Je veux dire que
ce n'était pas exactement
un prince charmant "
UNE ÉTUDIANTE au sujet
du " vétéran du Vietnam "
Quand l'homme au visage taché de son et à l'embonpoint visible pénétra dans le salon de la résidence universitaire, deux policiers en civil allèrent à sa rencontre et lui montrèrent leur insigne de police. L'homme ne sembla pas troublé. Il déclara s'appeler Jerry Brudos et dit qu'il vivait à Salem. Il se trouvait à Corvallis parce qu'il travaillait non loin comme électricien.
Brudos n'avait commis aucun délit justifiant son arrestation, ou même un interrogatoire. Mais quand les policiers l'escortèrent jusqu'à son break vert, il notèrent son numéro d'immatriculation.
Une vérification de routine confirma que Brudos était bien ce qu'il prétendait être : un électricien travaillant à Corvallis. Mais quand Stovall consulta son casier judiciaire, il comprit que Brudos était le genre d'homme qu'il recherchait. Le casier de Brudos mentionnait un séjour à l'hôpital psychiatrique de l'État pour déviance sexuelle, puis actes de violence contre des femmes. De plus, lorsque Linda Slawson avait disparu, Brudos vivait dans le secteur de Portland, où là jeune femme vendait des encyclopédies.
LES ORIGINES
Les obsessions fétichistes et violentes
de Jerry Brudos se manifestèrent dès l'adolescence.
L'âge adulte et la vie conjuguale ne les
apaisèrent pas.
Le type particulier de perversité sexuelle qui animait Brudos se manifesta pour la première fois alors qu'il était encore adolescent.
A l'âge de seize ans, il vola les sous-vêtements d'une jeune voisine. Ensuite, il aborda la jeune fille et lui déclara qu'il travaillait pour la police comme agent secret, et qu'il pouvait l'aider à récupérer ce qu'on lui avait volé.
La jeune naïve se laissa attirer sous ce prétexte, un soir que la famille de celui-ci était absente. Soudain, un homme masqué se jeta sur elle, la menaça avec un couteau et lui fit enlever tous ses vêtements. L'homme prit quelques photos de la jeune fille puis sortit de la chambre. Quelques minutes plus tard, Jerry Brudos arriva, le souffle court, affirmant que l'intrus masqué l'avait enfermé dans la grange.
Un an plus tard, en avril 1956, Brudos invita une fille de dix-sept ans à venir se balader avec lui en voiture. Sur une route déserte, il la traîna hors de la voiture, la frappa, et lui ordonna de se déshabiller. Un couple qui passait par là entendit heureusement les cris de la jeune fille et avertit la police. Brudos fut arrêté.
Brudos fut arrêté pour la première fois à l'âge de dix-sept ans. Mais au lieu de l'envoyer en maison de redressement, les autorités, estimant qu'il avait besoin d'un traitement médical, le firent interner à l'hôpital d'État de l'Oregon ( à droite ). Il fut relâché neuf mois plus tard. Malgré ses antécédents, il était considéré comme inoffensif. |
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Les psychiatres qui examinèrent le jeune Brudos estimèrent qu'il n'était pas mentalement perturbé et que, malgré les coups qu'il avait infligés à la seconde jeune fille, il n'avait pas de tendances violentes. Cependant, lorsque les policiers découvrirent, au domicile familial, une grande boîte pleine de sous-vêtements et de chaussures de femme, ils jugèrent plus sage d'envoyer Brudos en observation à l'hôpital d'État de l'Oregon. Il fut relâché neuf mois plus tard.
Tendre épouse
De retour à Salem, il attaqua une jeune fille pour lui voler ses chaussures. Il récidiva à Portland. Puis, alors que rien ne semblait pouvoir l'empêcher de devenir un violeur, il rencontra une douce jeune fille de dix-sept ans, nommé Darcie. Désireuse de quitter ses parents, elle accepta de l'épouser.
Durant plusieurs années, la famille Brudos connut un bonheur relatif. Mais en 1967, alors que sa femme se trouvait à l'hôpital où elle accouchait de leur deuxième enfant, Brudos suivit jusque chez elle une jeune fille qui portait de jolies chaussures. Il s'introduisit par effraction à son domicile la nuit même, lui fit perdre connaissance en l'étouffant et la viola. Quand il quitta l'appartement, il emporta ses chaussures. Désormais, le fragile équilibre familial était définitivement rompu.
II DÉCOUVERTES
Lorsque les policiers rencontrent Brudos,
ils comprennent qu'ils tiennent un suspect dans
l'affaire du meurtre de Karen Sprinker.
Ils vont découvrir bien d'autres indices
chez le maniaque sexuel.
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Dans Center Street, seule la boîte à lettres au nom de Brudos distinguait la maison du meurtrier des autres pavillons.
La première chose à faire, décida l'inspecteur Stovall, était de contrôler Brudos. En compagnie de l'inspecteur Jerry Frazier, il se rendit au domicile du suspect, dans Center Street, à Salem. Les trois hommes eurent un court entretien dans l'atelier du garage de Brudos. |
Frazier remarqua des bouts de cordes qui traînaient par terre et un crochet au plafond. L'une des cordes était nouée, avec un noeud identique à celui qui avait été utilisé pour ligoter les cadavres retrouvés dans la rivière.
Le noeud inhabituel sur cette corde, trouvée dans le garage de Brudos, attira l'attention d'un des policiers. Il était identique à ceux utilisés pour attacher les victimes assassinées.
Stovall était persuadé que Brudos était leur homme. Tout concordait. Il était électricien et réparateur de voitures. Il avait travaillé à Lebanon, dans l'Oregon, près de l'endroit où la voiture de Jan Whitney avait été retrouvée. Il avait aussi vécu près de l'endroit où Karen Sprinker avait disparu, |
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à Salem. Un autre élément menait à Brudos. Le 22 avril, une écolière de quinze ans, qui se hâtait vers son école en longeant une voie ferrée, avait été attaquée par un gros homme au visage couvert de taches de rousseur et armé d'un pistolet. Elle avait crié et était parvenue à s'échapper. Elle reconnut par la suite la photo de Jerry Brudos parmi plusieurs tirages que lui montraient les policiers.
Cette identification était toutefois la seule preuve manifeste contre Brudos et Stovall rechignait à prendre si vite des dispositions contre lui. Cinq jours après avoir questionné Brudos à Corvallis, Stovall était néanmoins convaincu qu'il ne pouvait plus prendre le risque de laisser le dément en liberté. Alors qu'il était en chemin dans le but d'arrêter Brudos pour tentative d'enlèvement sur la personne de l'écolière, un message radio l'informa que Brudos et sa famille avaient quitté Corvallis et se dirigeaient en voiture vers Portland.
Peu après, le break fut intercepté par une voiture de patrouille. Brudos n'était pas au volant, mais fut découvert allongé à l'arrière, caché sous une couverture. Au commissariat de Salem, on demanda au prisonnier de se changer pour passer la combinaison des détenus avant d'être placé sous les verrous. Sous ses vêtements, il portait des sous-vêtements féminins.
L' amateur de chaussures
Le parking de l'université d'État de Portland fut le théatre d'une tentative d'enlèvement par Brudos.
Stovall interrogea Brudos pendant quatre jours sans rien tirer de lui. Il n'aborda pas de but en blanc les meurtres des jeunes femmes, mais s'en tint à des questions d'ordre général, espérant ainsi recueillir davantage d'indications. Le cinquième jour, Brudos se mit soudain à parler de son intérêt pour les chaussures et les sous-vêtements de femmes. Puis il raconta comment il avait suivi une fille dont les chaussures lui plaisaient. Il s'était introduit chez elle en fracturant une fenêtre et s'était enfui avec les chaussures. Peu après, il décrivit comment il avait volé sur une corde à linge le soutient-gorge noir retrouvé sur le corps de Karen Sprinker.
Il avait maintenant pratiquement avoué un meurtre. Quelques minutes plus tard, il expliquait à Stovall comment il avait commis son premier assassinat, en janvier 1968. La victime était une jeune représentante qui vendait des encyclopédies. C'était en fin d'après-midi. Linda Slawson - une jolie fille mince qui portait des chaussures à talons hauts - avait vu Brudos devant chez lui, et lui avait demandé s'il était intéressé par l'achat d'une encyclopédie. Il l'avait invitée dans son garage en expliquant que sa femme recevait des visiteurs à l'étage. Elle était assise sur un tabouret et lui faisait l'article quand il l'assomma avec une lourde pièce de bois. Ensuite, il s'était agenouillé à côté d'elle et l'avait achevée en l'étranglant. La mère de Brudos était à l'étage, en compagnie de ses deux petits-enfants. Il les envoya chercher des hamburgers pour le dîner, puis retourna en hâte dans son atelier.
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A sa grande joie, la jeune femme portait des sous-vêtements élégants. Brudos ouvrit la boîte de slips et de soutiens-gorge qu'il avait volés sur des cordes à linge, et passa l'heure qui suivit à habiller et déshabiller le corps, comme s'il jouait avec une poupée. Il ne ressentit pas le désir de la violer. Cette nuit-là, lorsque sa famille fut endormie, il chargea le cadavre dans son break et l'emmena jusqu'à la rivière. Il le jeta du haut du pont, lesté avec une culasse en fonte. Il conserva un pied dans le congélateur de son garage - il en avait besoin pour essayer des chaussures.
Le 26 novembre de cette même année, Brudos trouva sa seconde victime. En rentrant de Lebanon où il travaillait, il s'arrêta à côté d'une voiture en panne sur l'autoroute. La conductrice était une étudiante nommée Jan Whitney, et elle avait deux passagers à bord, deux hippies qu'elle avait pris en stop. Brudos expliqua qu'il était mécanicien mais que, malheureusement, il n'avait pas ses outils avec lui. Il proposa d'aller les chercher. Les trois personnes grimpèrent dans son break, et Brudos les emmena à Salem où les deux hippies descendirent.
Une fois arrivé dans son garage, Brudos laissa la jeune femme un instant dans la voiture, le temps de vérifier que son épouse n'était pas là - elle devait voir des amis pour la soirée. Puis il se glissa sur le siège derrière la jeune femme qui ne se doutait de rien, passa une lanière de cuir autour de son cou et l'étrangla. Il la déposa alors sur le siège arrière de la voiture et se livra à un rapport sexuel sur le cadavre. Il passa l'heure suivante à habiller et déshabiller le corps, à prendre des photos et à violenter sa victime. Finalement, il la suspendit par les poignets à un crochet fixé au plafond.
" Je vis dans un monde plein
de gens, mais je me sens
seul "
JERRY BRUDOS
Cette fois, Brudos était déterminé à ne pas se débarasser du corps le jour même ; son "jouet" lui plaisait et il voulait le conserver plus longtemps.
Deux jours plus tard, son obsession nécrophile faillit causer sa perte. Il emmena sa famille à Portland pour la fête nationale de Thanksgiving, le 28 novembre 1968, laissant le corps pendu au plafond de son garage. En rentrant, il constata avec inquiétude qu'il y avait une brèche dans le coin de son garage. Une voiture dont le conducteur avait perdu le contrôle avait percuté le mur. La police était venue faire une enquête, mais n'avait pas pu pénétrer dans le garage. Le policier qui avait regardé à l'intérieur par la brèche n'avait pas pu voir le cadavre dans l'obscurité. Brudos se hâta de transférer le corps de Jan Whitney dans un local voisin avant d'appeler la police et de laisser les hommes inspecter son garage. Cette même nuit, il jeta le corps, lesté de barres de fer, dans la rivière Willamette.
Après avoir ainsi risqué d'être découvert, Brudos attendit un certain temps avant de frapper à nouveau. L'occasion se présenta à lui alors qu'il se rendait en voiture dans un grand magasin de Salem, le samedi 27 mars 1969. Une jeune fille portant des chaussures à talons hauts et une minijupe attira son attention. Il gara sa voiture et se précipita dans le magasin à sa recherche, mais elle demeura introuvable. En retournant à sa voiture, il vit une autre jolie fille aux longs cheveux noirs sur le point de monter dans sa voiture. Il la saisit par l'épaule, pointa un pistolet sur elle, et lui dit : " Viens avec moi et je promets que je ne te ferai pas de mal ". Trop effrayée pour pouvoir crier, Karen Sprinker le supplia de ne pas tirer et l'accompagna à sa voiture. La femme et les enfants de Brudos étaient absents, aussi ramena-t-il Karen chez lui, certain de ne pas être dérangé, puis il la fit sortir de sa voiture, toujours sous la menace de son arme.
Elle lui déclara qu'elle ferait ce qu'il voudrait. Brudos lui demanda si elle était vierge, elle répondit par l'affirmative. Brudos la fit s'allonger sur le sol et la viola. Puis il emmena la jeune fille dans la maison et la laissa utiliser la salle de bains familiale.
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Brudos contraignait sa femme, Darcie, à poser pour des photos érotiques. Une fois, elle dut passer un bas nylon sur son visage, de sorte que ses traits étaient distordus.
Certaines photos la montraient vêtue uniquement de chaussures à talons hauts. Quand elle protesta que les employés du laboratoire de développement verraient les clichés, Brudos expliqua qu'il s'assurait toujours que la première et la dernière photo de la pellicule représentaient d'inoffensives scènes rurales - selon lui les employés chargés du développement ne regardaient que la première et la dernière photo du rouleau.
Puis il la ramena dans le garage et la força à poser pour des photos. Sur certains clichés, elle portait ses propres sous-vêtements en coton, sur d'autres, les sous-vêtements et chaussures à talons hauts qu'il avait volés.
Finalement, il lui attacha les mains dans le dos, lui passa une corde autour du cou et tira dessus. Il lui demanda si c'était trop serré. Elle répondit que oui.
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Alors Brudos la souleva du sol en tirant sur la corde, et la regarda agoniser. " Elle a donné quelques coups de pied, et elle est morte. " Brudos violenta alors le cadavre. Plus tard ce soir là, il lui découpa les seins et se débarrassa du corps en le jetant dans la rivière Long Tom, lesté d'une culasse.
III JUSTICE
Les aveux répugnants de Brudos se poursuivent,
sans qu'aucun détail obscène soit omis.
Les policiers écoutent calmement, prenant soin de
masquer leur émotion.
Lorsque Brudos achève son récit horrifiant, il n'y a plus
de doute : il doit être enfermé à jamais.
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Le maniaque sexuel au moment de son arrestation. Cette photo fut prise par l'inspecteur Stovall.
Le mercredi 23 avril 1969, quatre semaines environ après la disparition de Karen Sprinker, Linda Salee, une jeune fille très mince, et de petite taille, (1,55 m seulement ) faisait des courses à Portland, à soixante-quinze kilomètres de Salem, où elle achetait des cadeaux pour l'anniversaire de son petit-ami. Tandis qu'elle regagnait sa voiture, les bras chargés de paquets, Brudos l'aborda, lui montra un insigne de police, et lui dit qu'il l'arrêtait pour vol à l'étalage. Elle le crut et protesta qu'elle avait les tickets de caisse de tous ses achats. Brudos déclara qu'il " l'emmenait au poste ", et la ramena en voiture jusqu'à son garage.
Dernière chance
Comme Karen Sprinker, Linda Salee se comporta avec une
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extraordinaire docilité, croyant peut-être ainsi amadouer son agresseur. Brudos gara sa voiture dans le garage et referma les portes. Il lui ordonna de le suivre et commença à traverser la cour en direction de la maison. A ce moment là, la femme de Brudos sortit sur la véranda. Brudos se retourna et fit signe à la jeune fille de s'immobiliser. Un simple cri, ou une fuite vers le portail, aurait sauvé la vie de Linda Salee. Mais dans l'obscurité, Darcie Brudos ne la vit pas, et son mari ramena la jeune fille dans le garage où il l'attacha.
Puis, calmement, il alla dîner dans la maison. Quand Brudos revint - sa femme venait de sortir - la jeune fille avait réussi à se détacher, mais n'avait pas décroché le téléphone du garage pour appeler la police. " Je parie qu'elle m'attendait ", déclara par la suite Brudos avec suffisance.
Ce n'est qu'alors, trop tard hélas, que Linda Salee entreprit de se défendre. Elle n'était pas de taille face à son adversaire. Après l'avoir maîtrisée, Brudos passa une lanière de cuir autour de son cou et la serra. La jeune fille lui demanda : " Pourquoi me faites-vous ça ? " Puis elle s'affaissa. Ce furent ses derniers mots.
LINDA SLAWSON, la première
victime de Brudos, gagnait
sa vie comme vendeuse au
porte-à-porte à Aloha, une
banlieue de Portland. |
Expérience
Décidé à la " punir ", Brudos la
suspendi par le cou au crochet du
plafond. Il avait résolu de tenter une
expérience. Il planta deux seringues
hypodermiques dans ses côtes, des
deux côtés du torse - c'était là l'orig-
ine des marques qui avaient intrigué
le médecin légiste - et les relia à des
fils électriques. Puis il brancha le
courant : " J'espérais qu'elle
danserait. En fait ça l'a juste brûlée ",
déclara-t-il.
Brudos conserva le corps jusqu'au
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JAN SUSAN WHITNEY, vingt
trois ans, était une jolie jeune
fille indépendante ; elle avait
un emploi, sa propre voiture et
un appartement. |
lendemain. Cette fois, il n'éprouva pas le besoin de découper les seins, il n'aimait pas les tétons roses - " Ils devaient être bruns ", déclara-t-il. Il tenta en revanche d'en faire des moulages, mais il ne parvint pas à faire prendre la résine de fibre de verre.
La deuxième nuit, Brudos emmena le corps dans son break, et le jeta dans la rivière Long Tom, lesté avec une boîte de vitesses de voiture.
Explications
Brudos fit ses aveux en parlant avec une précision un peu pédante, comme s'il expliquait comment faire pour démonter une boîte de vitesses. A aucun moment il ne sembla réaliser que l'inspecteur Jim Stovall pouvait être horrifié ou écœuré par son récit. Stovall dut se faire violence pour ne pas réagir, mais il voulait à tout prix éviter d'interrompre le flot des révélations.
Quand il eut tout raconté, Brudos fut inculpé pour le meurtre de Karen Sprinker. Le lendemain, un mandat de perquisition fut délivré et les policiers entrèrent dans sa maison vide - Darcie Brudos avait déménagé, emmenant ses enfants avec elle. Au grenier, la police trouva une collection de chaussures, de corsets, de soutiens-gorge et de slips de femme. Il y en avait des douzaines. Sur une étagère du salon, il y avait une réplique de sein de femme. Au sous-sol, les enquêteurs découvrirent une boîte à outils contenant des photos des jeunes filles disparues - certaines suspendues au crochet du plafond, d'autres posant en sous-vêtements devant l'objectif de Brudos. La police devait apprendre que Brudos avait téléphoné à sa femme depuis la prison et lui avait demandé de détruire le contenu de la boîte à outils.
Brudos prit cette photo de lui-même portant des sous-vêtements féminins et une paire de chaussures à talons hauts.
Mais pour une fois, Darcie avait décidé de lui désobéir.
Une photo trouvée sous un établi incriminait Brudos sans aucun doute possible. Il avait fait poser l'une de ses victimes devant un miroir, et avait photographié par inadvertance son propre reflet.
Brudos plaida coupable pour les meurtres des quatres jeunes
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filles. Il fut condamné à la détention criminelle à perpétuité. Un voisin prétendit avoir vu Darcie Brudos aider son mari à faire entrer de force une femme chez elle. Mrs. Brudos fut inculpée pour complicité dans le meurtre de Karen Sprinker. Mais le jury l'acquitta.
DÉNOUEMENT
Vue de la prison centrale de l' État de l' Oregon où Brudos purge sa peine. Le criminels sexuels
sont souvent agressés par les autres détenus, et Brudos a eu de nombreux " accidents ".
♦ La première année de Brudos en prison fut difficile. Les auteurs de crimes sexuels, qui sont haïs par les autres prisonniers, sont souvent tenus à l'écart, dans leur propre intérêt. Brudos ne fut pas tenu à l'écart mais ignoré. Personne ne lui parlait ni ne voulait manger à côté de lui. Un jour, un détenu lui assena un coup violent sur la tempe avec un seau d'eau qui l'envoya à l'hôpital de la prison.
♦ Le corps de Jan Whitney ( la seconde victime de Brudos ) fut rejeté sur la rive de la rivière Willamette pendant l'été 1970. On ne put l'identifier que grâce à son dossier de dentisterie.
♦ Dans les années qui suivirent, la vie de Brudos s'améliora. Il était doué pour l' électronique, et géra bientôt presque tout le système informatique de la prison. Les autorités carcérales l'autorisèrent également, dans une certaine mesure, à poursuivre son intérêt de toujours pour les chaussures et les sous-vêtements de femme. Sa cellule est pleine de piles de catalogues de vente par correspondance.
Qu'est-il devenu ?
Jerry Brudos est mort en prison le 28 mars 2006 d' un cancer du foie.