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Nom : Lawrence Sigmund Bittaker |
Nom : Roy Lewis Norris |
Alias : "Les pinces" |
Alias : ? |
Date de naissance : 27 septembre 1940 |
Date de naissance : 2 février 1948 |
Classification : Serial killer |
Classification : Serial killer |
Caractéristiques : Kidnapping - viol - torture |
Caractéristiques : Kidnapping - viol - torture |
Nombre de victimes : 5 |
Nombre de victimes : 5 |
Date des meurtres : Juin-Octobre 1979 |
Date des meurtres : Juin-Octobre 1979 |
Date d'arrestation : 20 novembre 1979 |
Date d'arrestation : 23 novembre 1979 |
Méthode de meurtre : Strangulation par ligature |
Méthode de meurtre : Strangulation par ligature |
Lieu : Californie, USA |
Lieu : Californie, USA |
Statut : Condamné à mort le 24 mars 1981 |
Statut : Condamné à une peine de 45 ans |
" MURDER MACK " :
l' autoroute de l' horreur
Lawrence Sigmund Bittaker se confie un jour à un compagnon de cellule à qui il affirme son désir de devenir " plus connu que Manson ". Il ne tarde guère à lui emboîter le pas et passe plus de la moitié des quarante premières années de son existence derrière les barreaux. Il naît le 27 septembre 1940, à Pittsburgh en Pennsylvanie. George Bittaker et son épouse l' adoptent, avant de lui donner le prénom de Lawrence, peu après sa naissance. La famille bouge beaucoup pour s'adapter aux différents emplois de George qui travaille comme ouvrier spécialisé dans l'aviation : ils quittent la Pennsylvanie pour la Floride, avant de se poser en Californie.
Cette absence de racines semble déteindre sur le jeune Lawrence qui abandonne définitivement ses études à l'âge de 17 ans, après de nombreux problèmes disciplinaires. il est connu des services de police pour plusieurs vols et agressions. En 1957, il est arrêté à Long Beach pour un vol de voiture accompagné d'un délit de fuite après un accident. Il est condamné à passer deux ans au " California Youth Authority ", d'où il ressort à l'âge de 19 ans.
Moins d'une semaine après sa libération, Bittaker est emprisonné en août 1959 par des agents du FBI en Louisiane pour un nouveau vol de voiture qui lui vaut une condamnation à dix-huit mois de prison en Oklahoma. Son comportement agressif lui coûte un transfert vers le " U.S. Medical Center ", à Springfield, dans le Missouri, où les médecins le relâchent aux deux tiers de sa peine. On retrouve sa trace en décembre 1960 à Los Angeles où il est arrêté pour un cambriolage. En mai 1961, il écope d'une condamnation indéterminée d'un à quinze ans de réclusion. La même année, une évaluation psychiatrique considère Bittaker comme un manipulateur " doté d'une considérable hostilité cachée ". Qualifié d'une " intelligence supérieure ", on le décrit comme une " personnalité psychotique borderline " et " essentiellement paranoïaque ". En 1962, un deuxième psychiatre estime que Bittaker est " incapable de maîtriser ses pulsions ". Malgré ces pronostics, il est libéré fin 1963 après avoir effectué moins d'un sixième du maximum de sa peine.
Deux mois à peine s'écoulent avant un nouveau séjour à l'ombre pour avoir enfreint les obligations de sa libération conditionnelle, car on le soupçonne d'un cambriolage. Une fois libéré, il se retrouve en cellule pour un vol dès octobre 1964.
Interrogé par un psychiatre en 1966, Lawrence Bittaker reconnaît que voler lui donne un sentiment d'importance, mais il précise que ses crimes se déroulent " lors de circonstances qui ne sont pas totalement de ma faute ". Le diagnostic conclut également à une " personnalité psychotique borderline ", ce qui n'empêche pas les autorités de le relâcher, pour le récupérer à nouveau en juin 1967.
Un mois plus tard, Bittaker est inculpé pour vol et délit de fuite après avoir provoqué un accident de voiture. Jugé pour ces faits, il écope de cinq ans de prison, mais il est libéré sous conditions en avril 1970. Cette fois-ci, il reste onze mois en liberté, avant d'être arrêté pour un cambriolage en mars 1971. Condamné en octobre, il reçoit une peine supplémentaire indéterminée de six mois à quinze ans, qui s'ajoute à la précédente. Le système pénitentiaire californien est dysfonctionnel à cette époque, et Bittaker se retrouve à nouveau dehors trois ans plus tard, en 1974.
Son crime suivant démarre de façon bénigne lorsque Bittaker vole un steak qu'il cache dans son slip. Un employé le surprend et le poursuit sur le parking du supermarché où Bittaker le poignarde. Avant son procès, il fait l'objet d'un nouvel examen psychiatrique par le docteur Ronald Markman, un expert qui s'est occupé de centaines de criminels en Californie, parmi lesquels des cas aussi célèbres que Charles Watson et Leslie Van Houten, adeptes de la secte de Charles Manson, ou de Richard Case, le " Vampire de Sacramento ". Le docteur Markman relate sa confrontation avec Larry Bittaker dans son ouvrage Alone with the Devil - Famous Cases of a Courtroom Psychiatrist ( 1989 ). A ses yeux, son interlocuteur n'est absolument pas un " psychotique borderline ", mais un " pur psychopathe ". Bittaker est incapable de suivre des règles et il ne l'apprendra jamais. Le médecin avertit que Bittaker est un individu d'une extrême dangerosité qui présente de gros risques d'escalade dans la gravité de ses crimes : " Il est incapable de contrôler ses pulsions, c'est un homme qui pourrait tuer sans hésitation ni remords ". Il blâme la société et les autres pour ses problèmes judiciaires. Il désigne l'alcool et les tranquilisants comme responsables de ses actes criminels, mais, en même temps, il affirme ne pas abuser de ces substances. Lorsqu'il raconte sa visite au supermarché, c'est pour dire : " Je suis allé dans ce magasin pour acheter du lait. Je me souviens avoir mis la viande dans mon pantalon et, l'instant d'après, des flics me questionnent au commissariat". Il prétend ne pas se souvenir de la suite des événements. Poussé dans ses derniers retranchements par le docteur Markman, il se contente d'un " je n'arrive pas à éviter les ennuis ".
Les psychiatres que Larry Bittaker rencontre en prison confirment l'évaluation du docteur Markman. En 1977, le diagnostic est sans appel : " Bittaker va très certainement commettre de nouveaux crimes dès qu'il sera remis en liberté". Un an plus tard, en juillet 1978, un autre psychiatre qualifie Bittaker de " psychopathe sophistiqué ". Et, encore une fois, ces avertissements restent lettre morte lorsque Bittaker est relâché en novembre 1978.
Mais pas avant de s'être fait un nouvel ami.
Un ami vraiment très " spécial "...
" UN HOMME QUI NE REPRESENTE
PLUS AUCUN DANGER POUR LA SOCIETE "
Contrairement à Lawrence Bittaker, Roy Lewis Norris ne connaît pas une existence de nomade : il naît à Greeley, dans le Colorado, le 2 février 1948, et il y habite jusqu'à l'âge de 17 ans. Après avoir abandonné ses études, il s'engage dans l' U.S. Navy. Il est basé à San Diego, mais en 1969, Norris passe quatre mois au Vietnam, où il n'est pas engagé dans des combats. Pendant plusieurs semaines, il expérimente l'héroïne, avant de jeter son dévolu sur l'herbe qu'il fume en permanence.
De retour en Californie en novembre 1969, Norris agresse une femme au volant dans le sud de San Diego. Il s'introduit de force à bord du véhicule pour tenter de la violer. Libéré sous caution dans l'attente de son procès, Norris récidive en février 1970. Il frappe à la porte d'une autre femme et demande à utiliser le téléphone. Lorsque la propriétaire des lieux refuse, Norris pénètre par effraction à l'intérieur, mais il se fait arrêter par la police avant d'avoir attaqué la victime.
A ce stade, l' U.S. Navy se rend compte des ennuis causés par Roy Norris qui est libéré de ses obligations militaires en raison de " problèmes psychologiques ". Les médecins diagnostiquent une " personnalité schizophrène ". Il n'est toujours pas jugé quand il se jette sur une étudiante du campus de San Diego en mai 1970. Il la frappe par derrière avec une pierre et, une fois à terre, lui cogne le visage contre le trottoir.
Cette fois-ci, l'inculpation est beaucoup plus sérieuse que les précédentes, et Roy Norris se retrouve immédiatement derrière les barreaux. Il est enfermé à l'hôpital psychiatrique d' Atascadero qui abrite en permanence un millier de délinquants sexuels. Au moment où Norris pénètre dans les lieux, un futur tueur en série, Edmund Emil Kemper, quitte l'établissement, considéré comme guéri.
Tout comme Ed Kemper, Roy Norris passe cinq ans à Atascadero ( ci-dessus ), avant d'être libéré sous conditionnelle. Officiellement, il " ne souffre plus de troubles mentaux (...) il ne représente plus aucun danger pour la société ".
Moins de trois mois plus tard, Norris dément déjà le diagnostic des psychiatres d' Atascadero.
Il se balade à moto à Redondo Beach lorsqu'il aperçoit une jeune femme de 27 ans rentrer à pied chez elle, après une dispute au restaurant avec son petit ami. Norris s'arrête pour lui proposer de la ramener, ce qu'elle refuse. mais Norris n'est pas homme à se laisser démonter par une telle broutille. Il lui saute dessus et l'étrangle à moitié avec son écharpe. Il la traîne à moitié consciente derrière des buissons pour la violer. La police ne le soupçonne pas car la victime est incapable de donner une description fiable de son agresseur. Un mois plus tard pourtant, la jeune femme croise Norris dans la rue et elle note sa plaque d'immatriculation. Condamné pour viol, Norris est envoyé à la " California Men's Colony " de San Luis Obispo.
C'est là que Roy Norris croise la route d'un autre détenu qui change sa destinée.
D'après ses dires, Lawrence Bittaker lui aurait sauvé la vie à deux reprises. Norris se sent lié à tout jamais à Bittaker, selon le " code d'honneur des prisons ". Une excuse bien commode que Norris ne manque pas de faire valoir par la suite.
En fait, les deux hommes partagent les mêmes fantasmes de viols, de domination et de tortures à l'encontre des femmes. Larry Bittaker indique que la prochaine fois qu'il violera une femme, il la tuera pour ne pas laisser de témoin. Bientôt, ils deviennent inséparables et concoctent un plan " pour s'amuser " : une fois libérés, ils vont kidnapper, violer et tuer des adolescentes californiennes âgées de 13 à 19 ans ( au moins une pour chaque tranche d'âge ).
Bittaker est libéré sous conditionnelle le 15 novembre 1978 et il retourne à Los Angeles, où il décroche un emploi de machiniste. Le 15 janvier 1979, c'est au tour de Norris d'être relâché. Il s'installe chez sa mère qui vit dans une caravane à Los Angeles, puis travaille comme électricien. Un mois plus tard, Bittaker écrit à Norris et lui donne rendez-vous dans un hôtel bon marché où ils renouent le contact.
Et se remémorent leurs plus noirs désirs.
EN CHASSE
Pendant les week-ends, les deux hommes se retrouvent pour fumer de l'herbe, picoler, tout en se baladant sur la " Pacific Coast Highway " qui borde les plages de L.A. Ils passent le temps à regarder les jeunes adolescentes qui s'ébattent en bikini sur le sable chaud.
Pour mettre en place leur plan, Larry Bittaker achète un van G.M.C de couleur argentée. Ce modèle de fourgon présente des avantages, puisqu'il n'a pas de fenêtres sur le côté et, du côté passager, il est doté d'une large portière coulissante. Si les victimes qu'ils choisissent de kidnapper refusent de monter à bord, ils pourront " se rapprocher au plus près, sans avoir à ouvrir la portière en grand ", indique Bittaker.
Ils baptisent le van " Murder Mack ".
Entre février et juin 1979, Norris et Bittaker roulent sur la " Pacific Coast Highway ". Ils s'arrêtent sur des plages pour flirter avec des jeunes filles, leur offrir à boire ou un joint, avant de les prendre en photo. Au domicile de Bittaker, les enquêteurs retrouvent plus tard près de 500 photos de jeunes filles souriantes. Si l'on en croit Roy Norris, ils prennent en stop environ une vingtaine de passagères, sans leur faire le moindre mal. Ils ont encore besoin de trouver un endroit isolé pour disposer de leurs proies en toute tranquilité.
Un dimanche de fin avril, Larry Bittaker emmène son compagnon dans les monts San Gabriel, qui surplombent la cité de Glendora. Il stoppe son véhicule devant un chemin de terre barré par une porte fermée. Bittaker brise le cadenas avec une barre de fer et le remplace par le sien.
A présent, il ne leur reste plus qu'à trouver une fille.
" UNE MIGNONNE PETITE BLONDE "
Le dimanche 24 juin 1979 " débute de la plus innocente des manières ", si l'on se base sur les aveux de Bittaker. Ce dernier passe la nuit dans le " Murder Mack ", qui est garé à côté de la caravane que partagent Roy Norris et sa mère. Le lendemain matin, les deux hommes bricolent à l'arrière du van, où Bittaker installe un lit avec un matelas de grande taille, un mètre au-dessus du plancher. Dans l'espace situé entre le plancher et le sommier, ils rangent des outils, des vêtements de rechange et une glacière. Vers 11 heures, ils décident de partir le long des plages de Pacific Palisades jusqu'à Redondo Beach et Santa Monica : " C'était un chouette dimanche pour zyeuter les plages, boire une bière, fumer un joint et flirter avec les nanas. Rien n'était prévu ", explique Bittaker. Quelquefois, ils se garent pour se promener à pied sur une des plages et draguer.
Il est environ 17 heures à Redondo Beach lorsque Bittaker remarque " une mignonne petite blonde ", d'après les aveux de Norris. Les deux anciens complices s'accusent par la suite de l'avoir repérée en premier ou non.
Cindy Schaeffer, 16 ans, n'est pas sur la plage et elle ne porte pas de bikini. L'adolescente rentre à pied chez sa grand-mère après une réunion de jeunes chrétiens à la " St. Andrew's Presbyterian Church ".
Le " Murder Mack " s'arrête et Norris propose à la jeune fille de la déposer chez elle. Schaeffer refuse et continue son chemin. Le véhicule va se garer un peu plus loin. Norris descend et se dirige en souriant vers la jeune femme pour réitérer son offre. Cindy reste muette, tout en cherchant à contourner Norris pour poursuivre sa route. Mais ce dernier la saisit par derrière pour l'emmener de force dans le van. Elle crie à plusieurs reprises mais Norris étouffe ses cris avec sa main. A l'intérieur, Bittaker pousse la musique à fond. Norris balance Cindy à l'arrière et referme la porte coulissante. Il la bâillonne avec du ruban adhésif, puis lui attache les poignets et les chevilles. En moins d'une minute, Cindy Schaeffer a disparu de la surface de la terre. Seule trace dérisoire de sa présence : une chaussure sur le trottoir.
Bittaker se dirige vers les monts de San Gabriel et le chemin fermé par une barrière. Une fois garés hors de vue de l'autoroute, les deux hommes commencent par fumer des joints. " Maintenant, on va se faire une petite fiesta ! " annonce Norris. Bittaker défait le bâillon de Cindy et lui pose des questions. Ils apprennent qu'elle habite chez sa grand-mère à Torrance, que sa mère vit au Mexique et qu'elle a un petit ami dans le Wisconsin. Bientôt, Bittaker et Norris en ont assez de parler. Ils ordonnent à Cindy de se déshabiller et se mettent à la caresser.
" Je passe en premier ", déclare Norris qui demande à Bittaker de revenir au bout d'une heure. Pendant ce temps, Norris viole la jeune femme et exige une fellation. Puis vient le tour de Bittaker, avant que Norris ne recommence ses sévices sexuels.
D'après leurs aveux, les deux complices se sont ensuite disputés pour savoir si Cindy devait mourir ou non, chacun rejetant sur l'autre la décision finale. Norris tente de l'étrangler, mais, au bout d'une minute, il ne peut plus affronter le regard angoissé de la jeune fille. Il stoppe ses efforts, sort du van, et part vomir un peu plus loin. Lorsqu'il revient, Larry Bittaker est entrain de serrer la gorge de Cindy. Au bout d'un moment, il lâche prise, et Cindy bouge encore... elle est encore vivante... elle respire ou tente de respirer.
Bittaker indique que c'est beaucoup plus difficile d'étrangler quelqu'un que ce que l'on voit à la télévision. Roy Norris aquiesce. Bittaker lui ordonne de prendre un cintre métallique et de le tordre autour du cou de Cindy. Norris s'execute, mais les deux hommes n'y arrivent pas. Bittaker prend des pinces dans sa trousse à outils dont il plie les extrémités pour former un garrot autour de la gorge de la jeune femme. D'après Norris, Schaeffer est agitée de soubresauts pendant 15 secondes environ, puis plus rien. Elle est morte.
Le métal est tellement incrusté dans la chair que Cindy Schaeffer s'est mise à saigner. Pour éviter de tacher le van, ils l'enveloppent dans un rideau de douche en plastique bleu. Norris se met au volant. La nuit est tombée. Bittaker marche devant le " Murder Mack ", une lampe-torche à la main pour trouver un endroit où se débarasser du corps. Lorsqu'ils découvrent un ravin assez profond, ils jettent le cadavre au fond. Bittaker déclare que les animaux sauvages vont faire leur boulot et qu'il n'y aura plus aucune trace pour les coincer.
Andrea Hall a 18 ans et elle remercie Bittaker qui lui propose une boisson fraîche. Il lui dit d'aller se servir à l'arrière, dans la glacière. Une fois le soda en main, elle s'apprête à retourner s'asseoir lorsque Norris bondit hors de sa cachette pour lui faucher les jambes. Bittaker pousse la musique à fond. Andrea se bat avec l'énergie du désespoir, mais Norris est bien plus fort qu'elle. Il lui tord violemment le bras en arrière, la douleur est si forte qu'Andrea s'évanouit à moitié. Roy en profite pour la bâillonner et lui ligoter les membres.
Cette fois-ci, ils ne prennent pas le temps de discuter avec leur proie, qu'ils violent à tour de rôle. En manque de bière, Bittaker envoie son ami en chercher. Pendant ce temps, il charge son Polaroïd, puis emmène Hall sur le chemin de montagne. Lorsque Norris est de retour, son ami est seul. Il l'accueille le sourire aux lèvres, en lui montrant des photos d'Andrea, le visage déformé par la terreur.
" Il m'a déclaré qu'il lui a annoncé qu'il allait la tuer. Il voulait savoir ce qu'elle ferait pour rester en vie. Mais elle n'a pas été très convaincante ".
Fatigué de la torturer par la parole, Bittaker lui enfonce un pic à glace dans l'oreille, puis il recommence avec l'autre oreille. Andrea est toujours en vie. Il décide de l'achever par strangulation, avant de jeter son cadavre dans le ravin.
DEUX D'UN COUP
Deux mois plus tard, le jour de la Fête du travail ( "Labor Day" ), le 3 septembre, Larry et Roy roulent le long d' Hermosa Beach, lorsqu'ils remarquent deux jeunes filles assises sur un banc d'arrêt de bus, près de Pier Avenue et " Pacific Coast Highway ".
Jackie Gilliam, 15 ans, ( à gauche ) et Leah Lamp, 13 ans, n'attendent pas le bus mais elles acceptent avec joie la proposition de Bittaker, surtout quand celui-ci leur offre un joint. Larry l'allume avant de le faire passer et d'indiquer aux deux amies qu'ils vont à la plage. Mais, en quelques instants, elles s'interrogent quand il prend la direction poopsée. Il les calme avec des excuses, ajoutant qu'il est juste à la recherche d'un coin tranquille pour " planer ". Les deux adolescentes protestent pendant qu'il gare le van devant un court de tennis. Leah commence à ouvrir la porte coulissante, mais Norris réagit, vif comme l'éclair : il la frappe à la tête avec une batte de base-ball dont le manche est scié. Une lutte féroce s'engage. Bittaker se lève pour aider son copain. Les deux hommes parviennent à ligoter les deux jeunes filles.
La tâche achevée, Bittaker se rend compte que plusieurs joueurs de tennis on assisté à la scène. Dans la crainte que les témoins préviennent la police, Bittaker démarre en trombe en direction des monts San Gabriel. Mais personne ne donne l'alarme. Les parties reprennent leur cours.
Une fois arrivés sur place, les kidnappeurs gardent Jackie Gilliam et Leah Lamp prisonnières pendant deux jours. Ils les violent et les torturent à tour de rôle, en enregistrant avec un magnétophone les différentes séances. A un moment donné, Roy Norris demande à Jackie Gilliam de jouer le rôle de sa cousine qu'il a toujours rêvé de violer.
Fatigués de leur orgie de sexe et de violence, les deux hommes se rendent compte qu'ils vont être en retard pour le boulot. Bittaker enfonce le pic à glace dans les deux oreilles de Gilliam qui hurle de douleur, mais ne meurt pas, le tout sous les yeux horrifiés de son amie. Ensuite, ils l'achèvent en l'étranglant chacun à leur tour. Bittaker maintient ensuite Leah Lamp par le cou, pendant que Norris la frappe à sept reprises à coups de marteau. Ils jettent les corps des deux jeunes filles dans un ravin, le pic à glace toujours enfoncé dans une des oreilles de Jackie Gilliam.
HALLOWEEN 1979 :
L'HORREUR ABSOLUE
Le dimanche 30 septembre 1979, Bittaker et Norris sélectionnent Robin Robeck, une habitante de l'Oregon, qui rend visite à son père à Manhattan Beach. Lorsqu'elle refuse de monter à bord du van, elle se fait asperger avec une bombe à gaz et kidnapper. Les deux hommes la violent chacun leur tour, mais elle profite d'un moment d'inattention pour s'enfuir. Robin porte plainte auprès de la police, sans être capable d'identifier ses agresseurs et elle ne se souvient pas de la plaque d'immatriculation du van. Au bout d'un certain temps, elle décide de retourner dans l'Oregon. L'affaire semble enterrée.
Durant tout le mois, Bittaker et Norris sont sur les nerfs. Ils s'attendent à être arrêtés à tout moment. Larry va même jusqu'à changer de domicile pour s'installer dans un appartement de Burbank. Au bout de plusieurs semaines de tranquilité, où ils ont stoppé leurs activités criminelles, ils décident de repartir en chasse pendant la nuit d'Halloween, mais en changeant de quartier. Ils abandonnent les plages de la " Pacific Coast Highway " pour les rues résidentielles de la " San Fernando Valley ", dans les districts de Tijunga et Sunland. C'est là qu'ils repèrent Shirley Ledford, 16 ans, qui fait du stop. Elle accepte de monter à bord. Elle a moins de deux heures à vivre.
En cinq minutes à peine, Norris la ligote et la bâillonne. Pour cette fois, Bittaker ne prend pas le risque de se rendre jusqu'à leur cachette favorite, dans les "San Gabriel Mountains". Il est aussi impatient de passer à l'acte. Il demande à Norris de prendre le volant. Larry déclenche le magnétophone, il défait le ruban adhésif des jambes et de la bouche de Shirley, puis il s'empare d'un marteau et d'une paire de pinces.
Il la sodomise et l'oblige à lui faire une fellation, tout en lui martelant le coude droit avec le marteau pour la faire hurler. Larry trouve que les cris de Shirley ne sont pas assez forts et il s'empare des pinces. Il lui montre l'outil en la menaçant de l'utiliser. Elle se met à crier de manière convaincante. Il commence à serrer les bouts de seins de Shirley avec les pinces. Shirley est mourante, et c'est Bittaker qui se porte volontaire pour l'achever. Il lui entoure le cou avec un cintre métallique qu'il resserre petit à petit avec les pinces.
Pour s'amuser, Larry décide de balancer le corps torturé de Shirley sur la pelouse d'une propriété de Sunland. Le cadavre est découvert le lendemain matin. Mais la police ne fait pas le lien avec les disparitions de Cindy, Andrea, Jackie et Leah qui ont pourtant été signalées. Pour eux, il s'agit de simples fugues comme il en existe des dizaines tous les jours en Californie.
Trois semaines plus tard, les événements vont leur donner tort.
LES AVEUX
La découverte du corps mutilé de Shirley Ledford intervient quelques jours après l'arrestation d'un des deux " Hillside Stranglers " ( " Les étrangleurs des collines " ), Angelo Buono, dont les meurtres font la une de l'actualité depuis plusieurs mois en Californie, au point d'éclipser le cas de Larry Bittaker et Roy Norris.
C'est Norris qui va commettre l'erreur fatale. Il se vante de ses exploits auprès d'un ancien compagnon de cellule. Il lui raconte ce qu'il a fait de plusieurs jeunes filles, ces derniers mois, le long des plages de la " Pacific Coast Highway ". L'ex détenu n'y prêtre pas grande attention tout d'abord, avant de changer d'avis, lorsqu'il apprend la découverte du corps de Shirley Ledford. Il est en libération conditionnelle et cette information peut lui être utile pour améliorer sa situation. Il contacte son avocat. Les deux hommes décident de refiler le tuyau au " Los Angeles Police Department " qui le transmet au commissariat d' Hermosa Beach, la juridiction concernée.
L'enquêteur Paul Bynum est chargé de l'affaire Ledford. La mention par l'ancien compagnon de cellule de Norris d'un van argenté lui rappelle le viol de Robin Robeck dont ses services se sont occupés, un mois auparavant. A l'exception des actes de torture et du meurtre de Shirley Landford, le mode opératoire paraît similaire entre ces deux affaires. Il y a peut-être un lien. Bynum décide d'envoyer un inspecteur en Oregon pour questionner la jeune femme et lui montrer une série de photos d'identité judiciaire. Elle reconnaît tout de suite Bittaker et Norris.
Paul Bynum décide de contacter le " district attorney " Steve Kay, qui a instruit l'affaire de viol de Roy Norris en 1976. Les deux hommes décident d'une stratégie commune : ils doivent agir vite pour ne pas laisser le temps aux deux complices de récidiver. Mais ils doivent être prudents car ils manquent de preuves concrètes pour les inculper d'assassinat.
Le " Hermosa Police Deparment " décide de faire suivre Roy Norris, qui est toujours en libération conditionnelle. Ils constatent qu'il deale de l'herbe. C'est suffisant pour le faire arrêter. Le même jour, le 20 novembre 1979, la police de Burbank met Bittaker sous les verrous : il est suspecté du kidnapping et du viol de Robin Robeck. Les deux complices sont interrogés séparément et il n'est fait nulle mention des disparitions et des meurtres d'adolescentes.
NORRIS DENONCE SON COMPLICE
Pendant plusieurs jours, les interrogatoires ne donnent rien, mais Paul Bynum estime que Norris est le maillon faible du duo. Le 30 novembre, il est déféré devant le " district attorney " Steve Kay ( ci-contre ), en présence de Paul Bynum. Les deux hommes de loi décident de l'attaquer de front sur les meurtres des jeunes filles.
Ils lui disent qu'ils possèdent des informations sur son implication dans les différentes disparitions. Au bout d'un moment, Norris finit par craquer. Il accuse Larry Bittaker de l'avoir entraîné après la conclusion de leur " pacte " en prison. Il affirme avoir été sous l'influence de drogues dures, la plupart du temps. Il propose aux enquêteurs de les mener jusqu'aux corps des victimes et de témoigner contre son ex-partenaire, en échange de la vie sauve.
En février 1980, Norris guide les enquêteurs dans les monts de San Gabriel. L'hypothèse de Bittaker, selon laquelle les animaux sauvages vont effacer toutes traces des cadavres, se révèle exacte pour Cindy Schaeffer et Andrea Hall. Par contre, les squelettes éparpillés de Jackie Gilliam et Leah Lamp sont retrouvés, le pic à glace de Bittaker toujours enfoncé dans le crâne de Gilliam.
Le " district attorney " Steve Kay décide de ne pas demander la peine de mort, in un emprisonnement à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle, à l'encontre de Roy Norris. Mais avant que ce " plaider coupable " soit accepté et qu'une peine soit prononcée, l' Etat de Californie exige qu'un meurtrier soit questionné par un officier de probation, afin que ce dernier puisse effectuer une recommandation auprès de la cour. Dans son rapport, l'officier de probation indique que Norris raconte les cinq meurtres sans le moindre remords, qu'il " apparaît compulsif dans la nécessité et le désir d'infliger de la douleur et des tortures aux femmes.
L'accusé reconnaît lui-même que, lorsqu'il commet un viol, ce n'est pas le sexe qui importe, mais la domination de la victime. En constatant le manque total de compassion de l'accusé pour le sort de ses victimes, il doit être considéré comme un sociopathe extrême, dont les comportements grotesques et dépravés ne permettent aucune réhabilitation. L'ampleur et l'énormité du comportement criminel cauchemardesque et haineux de l'accusé est au-delà de toute compréhension pour le signataire de ce rapport.
Sur la base de ce rapport, Roy Norris ( prison photo ) se voit infliger une condamnation qui va de 45 années de réclusion à la perpétuité, avec une peine incompressible de 30 ans, avant de pouvoir bénéficier d'une éventuelle libération conditionnelle. En théorie, Norris pourrait être libéré en 2010.
CONDAMNE A MORT
Steve Kay est chargé d'obtenir la peine de mort à l'encontre de Larry Bittaker. Pendant les trois semaines d'audiences, Steve Kay s'effondre en larmes à deux reprises, malgré son expérience des grands procès, tel celui de Charles Manson où il fait partie de l'équipe du procureur Vincent Bugliosi.
Larry Bittaker semble s'amuser de toute cette procédure. Contre l'avis de ses propres avocats, Bittaker écrit ses mémoires sous la forme du roman policier intitulé The Last Ride. Il raconte son partenariat avec Roy Norris, qu'il accuse de tous les maux. A le lire, on en arrive à croire qu'il a cherché en vain à sauver la vie des jeunes adolescentes. Certains des chapitres de ce " roman " s'intitulent :
" Destiny with Death " ( " Rendez-vous avec la Mort " )
" The Beginning of the End " ( " Le commencement de la fin " )
" Lonely Hearts Club on Wheels " ( " Le van du club des coeurs solitaires " )
" Two for the Price of One " ( " Deux pour le prix d'une " )
Et, touche finale, Larry Bittaker envoie le manuscrit aux enquêteurs, apparemment convaincu que les jurés vont croire sa version des faits.
Le 17 février 1981, Lawrence Sigmund Bittaker est reconnu coupable de 26 chefs d'accusation, dont 5 d'assassinat.
Le 24 mars 1981, Bittaker est condamné à la peine de mort.
Et il attend toujours dans le Couloir de la Mort de la prison de San Quentin sous le matricule # C-28400 4-E-108.
Le
11 juin 1990, la Cour suprême de l' Etat de Californie a rejeté sa demande de nouveau procès.
Quelques mois plus tard, l'acteur Scott Glenn, qui prépare son rôle de profiler dans Le silence des agneaux, rend visite aux bureaux de l' Unité des sciences du comportement de l' Académie nationale du FBI, à Quantico, où le chef du département John Douglas lui fait faire le tour du propriétaire. Lors de ces quelques heures, Douglas lui fait écouter les bandes audio de Bittaker et de Norris. Après le succès planétaire du film, Scott Glenn raconte aux journalistes qu'il a quitté en pleurs le bureau de John Douglas. Farouche opposant à la peine de mort avant cette visite, il est depuis devenu un partisan inconditionnel de son application.
Lorsque Bittaker n'est pas occupé par ses procédures d'appels, il passe son temps à assigner en justice le système pénitentiaire californien. En octobre 1995, il dépose ainsi 40 procédures qui ne lui coûtent rien, puisque l' Etat de Californie accorde la gratuité totale pour les détenus. L'une d'elles indique qu'il a été victime " d'une punition cruelle et inhabituelle ", lorsqu'un garde lui a servi un biscuit brisé sur son plateau de déjeuner. Les autorités ont dû régler une ardoise de 5 000 $ pour rejeter la procédure. L' administration pénitenciaire a dû apporter la preuve que Bittaker pouvait se passer de déjeuner, et survivre grâce à son petit déjeuner et au dîner.
Quand il ne joue pas aux cartes dans la cour de San Quentin, avec un autre partenaire que William Bonin depuis que ce dernier a été exécuté en février 1996, Larry Bittaker s'occupe à répondre aux nombreux courriers de ses fans.
La plupart émanent de jeunes femmes.
Certaines lui font des propositions de mariage.
Quand Lawrence Bittaker leur répond, il signe de son pseudonyme.
" Les pinces ".