Alias : "Le boucher de Plainfield" |
Date de naissance : 27 août 1906 |
Classification : Tueur en série |
Caractéristiques : Nécrophile |
Nombre de victimes : 2 et +... |
Date des meurtres : 8 décembre 1954 et 16 novembre 1957 |
Date d'arrestation : 17 novembre 1957 |
Méthode de meurtre : Tir |
Lieu : Plainfield, Wisconsin, USA |
Statut : Décédé le 26 juillet 1984 |
Mary Hogan, née en 1930 de parents allemands. On sait peu de chose de sa vie avant Plainfield, à part qu'elle vécut longtemps à Chicago. Elle laissa peu de parents pour la pleurer. Certains prétendaient que Mary Hogan avait des relations avec le Milieu, d'autres affirmaient qu'elle avait été une mère maquerelle célèbre à Chicago et avait acheté le bar grâce à ses gains mal acquis. Quoi qu'il en soit, Mary Hogan avait fait forte impression sur les familles de fermiers conservatrices et très croyantes de la région. Si les hommes aimaient l'atmosphère chaleureuse et légèrement équivoque de la taverne, leurs femmes ou leurs petites amies la condamnèrent immédiatement. |
Elmo Ueeck, fermier et propriétaire d'une scierie de Plainfield, taquina Gein au sujet de Mary Hogan. Trois ans plus tard, il allait devenir témoin direct contre l'homme dont il s'était moqué. Pourtant, il n'y avait pas de traces de lutte, et aucun mobile apparent n'expliquait le crime : la caisse enregistreuse était pleine et rien n'avait l'air de manquer. Thompson demanda l'aide du laborat-oire criminel de l'État, à Madison, à quelques 90 km de là. Mais l'examen médico-légal ne fit que confirmer les conclusions du shérif quant à la manière dont le crime avait été commis, sans apporter d'autres éclaircissements sur l'affaire. Des recherches effectuées à Chicago au domicile précédent de Mary Hogan, et une fouille méticuleuse, ferme après ferme, de Plainfield et de ses environs ne donnèrent aucun résultat. La nouvelle de ce mystère se répandit rapidement et, les semaines passant sans que les autorités produisent le moindre nouvel indice, la |
Environ un mois après la disparition de la tenancière, une étrange discussion eut lieu entre le propriétaire respecté d'une scierie de Plainfield, Elm Ueeck, et Edward Gein, l'homme à tout faire auquel il avait fait appel pour réparer quelques clôtures. Gein vivait depuis l'âge de sept ans dans une ferme située à 9 km à l'ouest de Plainfield. Entièr- ement entourée de bois, de champs et de marais, la ferme elle-même, construite en L, était un austère bâtiment de bois blanc à deux étages que Gein habitait désormais seul. Gein était un personnage timide, gauche et peu sociable. Après la mort de sa mère, en 1945, il avait reçu une allocation du gouvernement américain pour laisser ses terres en jachères. La ferme commençant à se délabrer, Gein arrondissait ses revenus en faisant des travaux divers pour ses voisins de Plainfield. Cet homme menu et de petite taille, aux rares cheveux blonds et aux yeux bleus délavés, était encore célibataire à plus de cinquante ans. Les gens le trouvaient généralement serviable, travail-leur et digne de confiance, mais quelque peu excentrique. Ueeck ne se préoccupait guère de Gein, bien qu'il le connût depuis des années. Comme les autres habitants de Plainfield, il trouvait extrêmement difficile de discuter avec lui. En général, Gein détournait nerveusement le regard en s'enfermait, l'air sot, derrière un sourire de guingois, ou bien faisait un comment- aire si étrange et inapproprié qu'il laissait son |
Des curieux scrutent l'intérieur de la "maison hantée". A un moment, Gein avait essayé de la vendre. Quand les Foster la visitèrent, Mme Foster demanda en plaisantant : "Est-ce là que vous gardez vos têtes réduites ?". Gein avait alors répondu "Non, elles sont dans cette autre pièce." Ueeck commença par dire à Gein que s'il s'était déclaré un peu plus clairement, Mary Hogan serait peut-être en ce moment même dans sa ferme en train de lui préparer son dîner, au lieu d'être portée disparue, présumée assassinée. Il se rappela par la suite que "Eddie roulait les yeux et remuait le nez comme un chien qui renifle un putois", tout en se dandinant d'une jambe sur l'autre. Puis Gein avait affiché un de ses sourires habituels et, après quelques secondes de réflexion, avait rétorqué : "Elle n'a pas disparue, |
En 1913, les Gein changèrent de vie et devinrent fermiers. Ils passèrent d'abord un an dans une ferme laitière à une soixantaine de kilomètres à l'est de La Crosse, puis s'installèrent dans une ferme isolée située juste en dehors de Plainfield. Pendant les seize premières années de sa vie, l'école fut le seul contact de Gein avec le monde extérieur. Mais, dès qu'il se faisait un ami, sa mère trouvait à redire à la famille du garçon. A ses yeux, tout le monde représentait une menace pour la pureté morale de son fils. Elle citait conti- nuellement les Écritures, répétant à son fils que les garçons étaient tous des pécheurs, à l'image de leurs pères. Gein s'éloigna peu à peu des autres enfants. Ses camarades de l'époque se |
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souvenaient de lui comme d'un enfant timide et frêle. Le jeune Edward afffirmait aussi avoir horreur du sang et des mises à mort, un spectacle courant dans une communauté rurale où la chasse et l'élevage du bétail sont des activités fondamentales. Mais d'un autre côté, l'enfant dévorait avidemment des bandes dessinées d'horreur. George Gein mourut en 1940. Edward et Henry durent prendre des emplois pour compléter les revenus de la famille. Gein admirait son frère, mais leurs relations se dégradèrent lorsqu'Henry suggéra que l'attachement d'Edward pour leur mère n'était peut-être pas sain. Au printemps 1944, Henry mourut dans des circonstances mystérieuses. Alors |
Le matin du samedi 16 novembre 1957, elle ouvrit comme d'habitude le magasin, s'attendant à ce que les affaires de la journée démarrent lentement : c'était l'ouverture de la chasse aux cerfs dans le Wisconsin et la saison durait neuf jours. La plupart des hommes de Plainfield, y compris son fils Frank, étaient déjà dehors dans les bois environnants. La ville était déserte et la plupart des boutiques fermées, mais Bernice Worden avait décidé de garder son magasin ouvert, pensant qu'il allait y avoir une arrivée régulière de chasseurs désireux de se réapprovisionner. Elle eut bientôt un client. Peu après 8h30, la petite silhouette d'Edward Gein fit son apparition dans le magasin de quincail- lerie, agrippant un broc vide. Comme tout le monde à Plainfield, Bernice Worden avait du mal à voir en Gein autre chose qu'un nigaud mais, ces derniers temps, il s'était mis à l'ennuyer régulièrement pour des pécadilles, sans acheter quoi que ce soit. La veille encore, Gein était passé au magasin pour vérifier le prix de l'antigel. Après avoir reçu une réponse, il était resté planté là plusieurs secondes, un sourire idiot aux lèvres, avant de s'éloigner d'un pas traînant dans l'obscurité. Bernice Worden avait été interloquée, quelques semaines auparavant, quand Gein, de façon inattendue, était passé au magasin et l'avait invitée à venir faire du patin à |
Au moment du meurtre, la rue principale de Plainfield (ci-dessus) était déserte. Toute la ville étant à la chasse aux cerfs, Gein était assuré d'être tranquille pour commettre son crime. Il utilisa la camionnette de Bernice Worden (à droite) pour emmener son corps. Entre 8h45 et 9h30, ce même matin, Bernard Muschinski, le pompiste d'une station-service située de l'autre côté de la rue, remarqua la camionnette de livraison de Bernice Worden sortant du garage derrière le bâtiment. La camionnette s'éloigna sur la route. Il n'y accorda guère d'importance sur le moment. Mais quelques heures plus tard, il passa à pied devant le magasin et fut surpris de voir que les lumières étaient encore allumées. La porte de |
Le shérif Art Schley (à gauche) avait été employé par la police routière de Waushara avant d'être nommé shérif, à trente-deux ans. L'affaire Gein, sa première affaire de meurtre, s'avéra être une éprouvante initiation à ce genre de travail. Frank Worden téléphona au shérif du comté, Art Schley, à Wautoma, à vingt-cinq kilomètres de là, puis continua à fouiller le magasin à la recherche de sa mère. Quand le shérif et un des adjoints arrivèrent, un quart d'heure plus tard, il avait déjà tiré ses conclusions. "Il lui a fait quelque chose", annonça Worden avec assurance. "Qui ?" demandèrent-ils. "Ed Gein", répondit Worden. Frank Worden n'avait pas perdu son temps en attendant Schley et son adjoint. Plusieurs détails lui étaient revenus à l'esprit : les conversations qu'il avait |
Les soupçons de Worden furent confirmés par la découverte, à côté de la flaque de sang, d'un reçu rédigé de la main de sa mère pour deux litres d'antigel. Il était au nom d'Edward Gein. Le shérif Schley lança une alerte générale par radio, pour que Gein soit amené pour interrogatoire. Gein venait à peine de finir son dîner avec les Hill lorsqu'un voisin fit irruption pour annoncer la nouvelle de la disparition de Bernice Worden. Le seul commentaire que fit Gein fut : "Ce devait être quelqu'un avec pas mal de sang-froid." Irène Hill se rappela plus tard avoir dit à Gein en plaisantant : "Comment se fait-il qu'à chaque fois que quelqu'un se fait taper dessus et enlever, tu sois toujours dans le coin ?" Gein avait simplement haussé les épaules et fait un sourire de travers. Bob Hill suggéra à Gein de l'accompagner en voiture jusqu'à la ville pour voir ce qui s'y passait. Gein accepta joyeusement, et les deux hommes sortirent dans la cour glaciale recouverte de neige. Au moment où Gein faisait démarrer sa voiture, l'agent Dan Chase et le shérif adjoint Poke Spees arrivèrent. Chase et Spees avaient trouvé la ferme de Gein déserte et verrouillée quand ils y étaient parvenus quelques minutes plus tôt. Tout le monde sachant que Bob Hill était l'un des rares amis d'Edward Gein, le magasin des Hill était l'étape suivant la plus logique. L'agent Chase traversa vivement la cour et frappa à la vitre de la voiture de Gein juste au moment où celui-ci allait repartir. |
Des revues telles que Shock (ci-contre), qui s'attardaient complaisamment sur des actes de tortures, ont peut-être inspiré Gein. En retour, Gein inspira des films tel que Massacre à la Tronçonneuse (ci-dessus). |
L'annexe, où le cadavre de Bernice Worden fut trouvé. Avec une prétention à la distinction inopportune, Gein appelait cette annexe sa "cuisine d'été". C'est là et dans la chambre de Gein que tous les restes humains furent trouvés. |
Promenant leur torche ici et là, Schley et Schoephoerster découvrirent d'autres choses étranges : des magazines policiers et des bandes dessinées d'épouvante empilés dans des boîtes ou jetés par terre, un évier rempli de sable, des chewing-gums mâchés dans une vieille boîte à café, une série de dentiers exp- osés sur le dessus de la cheminée. Celui qui avait rassemblé cette collection était à l'évid- ence sous l'influence d'une force répugnante dépassant, et de beaucoup, l'entendement des deux policiers. La ferme de Gein fut bientôt envahie par les voitures de police. Dans un premier temps, la fouille se poursuivit à la lumière des torches et des lampes à pétroles. Puis un générateur fut amené et, tandis que la maison était inondée par la lumière éblouissante des lampes à arc de la police, l'horreur de |
Quatres de ces masques étaient accrochés aux murs autour du lit de Gein, témoins silencieux des bizarres fantasmes nocturnes auxquels il s'aband- onnait. Les autres furent trouvés dans des sacs en papier, des vieux pots et des sacs en toile éparpillés autour du lit et dans la cuisine. Certains avaient été traités avec de l'huile pour que la peau reste souple, et l'un d'entre eux portait encore des traces de rouge à lèvres. Un autre, réduit, mais qu'un des policiers présents put reconnaître, était celui de Mary Hogan, disparue trois ans plus tôt. Le groupe de policiers, les experts en médecine légale et les policiers en civils erraient, livides d'horreur et muets de stupéfaction. Bon nombre d'entre eux servaient dans la police depuis longtemps et avaient vu toutes sortes de crimes épouvantables dans leur vie, mais rien n'aurait pu les préparer à cette maison pleine de cadavres, d'ossements et autres restes humains. Malgré le froid âpre de cette nuit de novembre dans le Wisconsin, la puanteur était indescriptible. Les policiers responsables de la fouille trouvèrent le cœur de Bernice Worden dans un sac en plastique devant le fourneau de la cuisine, et ses entrailles encore chaudes enveloppées dans un vieux costume non loin. Ils continuèrent néanmoins à fouiller, déterminés à trouver la seule preuve qui jusque-là leur avait échappé : la tête du cadavre pendu aux poutres. |
Un policier trie les détritus de la cuisine, décrite par l'écrivain Harold Schechter comme "le décor d'un dérangement mental".
La tête de Bernice Worden, retrouvé par le médecin légiste ?
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La tête de Bernice Worden était couverte de terre, et du sang était congelé autour des narines. Cela mis à part, elle était intacte. L'expression du visage, de façon rassurante, semblait paisible, mais les deux enquêteurs restèrent interdits en voyant que des crochets avaient été passés au travers des oreilles et qu'un cordon reliait les deux crochets. Gein avait visiblement eu l'intention d'accrocher au mur la tête de Bernice Worden, avec les autres trophées macabres de sa chambre à coucher. La nuit s'acheva. Le cadavre de Bernice Worden fut descendu des chevrons et étiqueté en même temps que les autres restes humains, qui furent ensuite empaquetés dans des sacs en plastique et expédiés au dépôt mortuaire de Plainfield pour qu'une autopsie puisse être effectuée. Personne, parmi les individus présents, ne pouvaient dire combien de corps avaient fourni les têtes, la peau et autres parties trouvées dans la ferme, mais il était clair qu'en plus de Mary Hogan et Bernice Worden, il y avait de nombreux autres cadavres. La grande question qui planait encore dans l'esprit des policiers abasourdis et écœurés tandis qu'ils quittaient la ferme de Gein cette nuit-là était : quelle était l'identité des autres cadavres ? |
Bob Hill, suffoqué d'horreur à la vue du dépotoir qu'était devenue la chambre de son cousin Edward Gein. Le lundi après-midi, Edward Gein passa en jugement, inculpé de vol à main armée de la caisse du magasin Worden. Les services du procureur sou- haitaient en effet renvoyer à plus tard l'inculpation pour meurtre, lorsque l'expertise médico-légale serait terminée. Le procureur désirait aussi soumet- tre le prisonnier au détecteur de mensonges. Après le jugement, Gein fut emmené en voiture à la ferme où il montra à la police et à la petite troupe de repor-ters qui les accompagnaient l'endroit où il avait enterré le sang de Bernice Worden. Ce même après-midi, des policiers venus de La Crosse, ville natale de Gein, interrogèrent l'inculpé au sujet de la disparition, quatre ans auparavant, d'une fille de quinze ans nommée Evelyn Hartley. Mais les résultats ne furent pas concluants. Gein fut encore interrogé par plusieurs shérifs du comté voisin au sujet de Mary Hogan, dont la tête avait été découverte dans sa ferme. Sombrant parfois dans la |
Dans le laboratoire médico-légal de l'État, des sacs et des boîtes pleins de restes humains attendent d'être examinés. Les résultats allaient être utilisés comme preuves.
Le jour suivant, l'armée des journalistes, qui avaient entre-temps envahi la ville, fut finalement autorisée à entrer dans la ferme de Gein pour constater dans quelles conditions sordides vivait le "Boucher de Plainfield".
Malgré l'existence de faits précis, l'imaginat-ion du public se déchaîna. Des histoires d'épouv-antes déferlèrent en première page des journaux |
Le 18 novembre 1957, Edward Gein, menottes aux poignets, se tenait parmi des policiers et des journalistes sur ses terres, où des restes humains avaient été retrouvés. |
D'un point de vue médical, le cas d'Edward Gein est l'un des plus complexes de l'histoire de la criminologie. Voyeurisme, fétichisme, travestime et nécrophilie s'y trouvent horriblement mêlés. Ces perversions n'étaient pourtant que les manif- estations d'une psychose plus profonde, un désordre de la personnalité issu des relations extraordinaires que Gein entretenait avec sa mère. Quand les psychiatres commencèrent à s'interroger pour comprendre quelles forces obscures animaient Gein, l'expression "complexe d'Œdipe" fut souvent mentionnée. Gein, pensaient-ils, était en fait amoureux de sa mère. Après la mort de celle-ci, trouver une remplaçante à la seule personne qu'il ait jamais aimé devint une obsession. Ce fut la ressemblance entre sa mère et les deux victimes assassinées (toutes deux des maîtresses femmes quinquagénaires solidement bâties) qui poussa Gein au meurtre quand il fut dominé par son désir de posséder les deux femmes. Cependant, les rapports psychiatriques officiels sur Gein démontrent que la théorie de "l'amour incestueux vis-à-vis de sa mère" est en fait une sursimplification de ce qui se passait réellement dans son esprit, en particulier si l'on examine son cas à la lumière des découvertes récentes. Selon ces rapports, Gein était un schizophrène, un homme dont l'esprit avait été mis en pièces par l'affrontement intérieur de personnalités incompatibles. On pense que la schizophrénie commence dès l'enfance, quand le jeune esprit est confronté à quelque chose de si terrible, si insupportable, qu'il l'enfouit dans son subconscient en investissant une ou plusieurs autres personnalités, mieux à même de gérer la situation. Ce fut le cas du petit garçon timide dont la vie était à chaque instant dominée par la discipline rigide et le fanatisme religieux de sa mère, froide et sans amour. |
L'esprit de l'enfant créa donc une nouvelle personnalité, lui permettant d'adopter une position et un rôle dans cette situation : "Edward n°2" ne pouvait pas être aimé de sa mère, ni d'aucune autre femme, parce qu'il en était indigne. Son rôle était d'adorer celle qui tolérait son indignité, sa mère. Mais qu'advenait-il d' "Edward n°1", personnalité première et saine de l'enfant dont le seul crime était de rechercher un amour qui lui était refusé ? Elle commença à bouillonner dans le subconscient de Gein, nourrissant la colère qu'il ressentait envers la personne qui l'avait réprimé. "Edward n°1" haïssait sa mère. Les années passant, Gein s'isolait de plus en plus du monde extérieur. L'adoration aveugle et le complexe d'infériorité engendrés par la personnalité n°2 se renforçaient à chaque réprimande d'Augusta. En même temps, la frustration ressentie par la pers- onnalité n°1 continuait à bouillonner dans l'esprit de Gein. Il voulait aimer les femmes, mais c'étaient elles, à travers sa mère, qui l'en empêchaient. Après la mort d'Augusta Gein, l'esprit de son fils se trouva vraisemblablement projeté dans un nouveau tourbillon. Sa mère disparue, raisonnait la personnalité n°2, qui restait-il pour le tolérer ? |
En 1978, Gein fut transféré de l'hôpital central de l'État à l'Institut pour la santé mentale de Mendota, un établissement vieillot où il demeura jusqu'à la fin de ses jours. |
Le juge d'assises Herbert Bunde était un juriste réputé pour être sévère et direct. Le 6 janvier 1958, après avoir écouté pendant cinq minutes à peine les avocats de la défense et de l'accusation, il signa sans hésiter l'ordre d'inter- nement d'Edward Gein à l'asile d'aliénés. Une fois de plus, il décrivit calmement ce qu'il avait fait avec les têtes coupées, les membres et autres parties des corps. Il apparut qu'en certaines occasions, il avait revêtu le tricot de corps et les jambières en peau humaine pour arpenter sa ferme. La pensée de ce boucher travesti, foulant la nuit tombante les débris nauséabonds et les restes putréfiés qui jonchaient ses quartiers, écœurait ses interrogateurs. Gein, pour sa part, semblait quasiment incapable de comprendre le mal qu'il y avait à mutiler des corps qui étaient déjà morts, et se montrait partic- |
? Le shérif Art Schley qui avait fait les premières découvertes à la ferme, conduisit personnellement Gein à l'hôpital central de l'État. On attribua à Gein une petite pièce austère et dépouillée. Désœuvré, il s'occupait en s'inventant une ronde de corvées domestiques continuellement répétées. |
Les habitants de la région inspectent la propriété de Gein, en mars 1958, avant sa mise aux enchères. Les citoyens de Plainfield furent indignés d'apprendre que la vente aurait lieu le dimanche des Rameaux. Ils y voyaient une invitation ouverte à la colère divine. Mais l'incendie qui détruisit finalement la ferme fut vraisemblablement d'origine humaine. Le 18 décembre, les médecins qiu avaient interrogé Gein se réunirent une dernière fois pour revoir les éléments du dossier médical, sous la présidence du Dr Edward F. Schubert, directeur de l'hôpital. Leur conclusion fut que Gein était dément et n'était donc pas mental- ement apte à passer en jugement. La décision fut prise de renvoyer Gein à l'hôpital jusqu'à Noël, et les recommandations des psychologues furent transmises au procureur général. |