Chris Williams à vingt-trois ans (ci-contre), dix ans après que Graham Young eut essayé de l'empoisonner. A l'école, l'intérêt qu'ils portaient à la chimie avaient rapproché les deux garçons, ainsi que Clive Creager, un camarade. Mais Williams s'était lié d'amitié avec un autre élève, Terry Hands. Graham Young lui en voulut tellement qu'il le força à se battre avec lui. Williams eut facilement le dessus et Young lui administra du poison pour se venger de cette humiliation. Ce que Mrs. Williams ne savait pas, c'est que des symptômes tout à fait semblables à ceux de son fils touchaient divers membres de la famille de ce camarade, un garçon de treize ans à l'air absent et gauche qui s'exprimait de façon étrangement cérémonieuse. Molly, la belle-mère de Graham Young, âgée de |
Après la mort de leur mère, Graham Young et sa sœur Winifred ( ci-dessus, à droite ) furent confiés temporairement à leur tante Winnie ( à gauche ). La famille était trop hébétée par la douleur pour avoir les idées claires. Graham vanta les avantages de la crémation sur l'enterrement, décrivant du ton pédant qui lui était habituel les techniques les plus récentes. Son père se laissa convaincre. La cérémonie eut lieu au crématorium de Golders Green le jeudi suivant. Peu après, Fred Young annonça à Winifred et à Graham qu'il avait remboursé les emprunts contractés pour acheter la maison ; ils en hériteraient donc à sa mort. Quelques jours plus tard, il fut repris de douleurs d'estomac et de maux de tête. Une fois de plus, les médecins de l'hôpital |
Ayant réussi à tuer sa belle-mère, Graham s'en prit à son père (ci-contre). Par bonheur, les médecins décelèrent à temps la présence de thallium dans l'organisme de ce dernier. Graham, interrogé par sa tante, nia avec indignation avoir donné du poison à son père. Il parla de la maladie de ce dernier à l'école, où son intérêt obsessionnel pour les poisons inquiétait depuis longtemps son professeur de sciences, Geoffrey Hughes. Un soir, celui-ci résolut de fouiller le pupitre de Graham. Il y découvrit, horrifié, des bouteilles de poison, des dessins représentant des hommes mourant dans de terribles douleurs et des notes prises par le jeune garçon à propos de poisons et de meurtres. Le professeur prévint aussitôt le |
Dans la chambre qu'il occupait dans la maison de ses parents, à Londres, au 768 North Circular Road, Graham avait caché assez de poison pour tuer trois cents personnes. L'inspecteur fouilla sa chambre : il y trouva suffisamment de poison pour tuer trois cents personnes, ainsi qu'un certain nombre de livres parmi lesquels un Guide des poisons, Soixantes procès célèbres et Les empoisonneurs sur la sellette. Lorsque le jeune garçon rentra de l'école, l'inspecteur lui demanda de retirer sa chemise. Une fiole d'antimoine et deux petits flacons tombèrent par terre. Graham parla de l'antimoine comme de " son cher ami " mais mentit à propos des flacons, prétendant qu'il ne savait pas ce qu'il contenait. Il s'agissait de thallium. Emmené au commissariat de police de Harlesden, Graham Young subit un long |
" Pudding " à huit ans : un enfant calme qui aimait les activités scolaires telles que la lecture ou la construction de maquettes. Graham Frederick Young naquit le 7 sep- tembre 1947. Sa mère mourut de tuberculose lorsqu'il avait trois mois. Les répercussions sur le développement affectif de l'enfant furent sans doute considérables malgré les soins dont il fut entouré. Graham fut confié à sa tante paternelle. Avec son mari, Jack Jouvenat, la tante Winnie éleva l'enfant dans la confortable maison qu'ils occupaient à Londres. Graham était très attaché aux Jouvenat, ainsi qu'à leur fille Sandra. C'était un petit garçon rondouillard, au visage couvert de taches de rousseur, qu'on surnommait Pudding. Le père de Graham, Fred Young, monteur |
Graham entra à l'école primaire Braintcroft ( ci-contre ), à Neasden, à l'âge de cinq ans.
Dès onze ans, Graham emprunta à la bibliothèque de son école des livres de médecine et des ouvrages sur les poisons. Une fois, Molly trouva une bouteille d'acide cachée dans sa veste. Il conservait aussi de l'éther qu'il aimait respirer. Interrogé, il déclara avoir récupéré les deux produits dans la poubelle d'un pharmacien.
L'enfant dévorait les ouvrages sur Adolf Hitler et le mouvement nazi et arborait volontiers la croix |
A l'âge où la plupart des garçons allaient encore à l'école, Graham (ci-contre) était enfermé dans un établissement beaucoup plus sinistre - Broadmoor (ce-dessus). Il s'y isola et se livra à ses obsessions, le nazisme et les poisons. Il passa son temps à fabriquer des croix gammées en bois et à étudier des traités de médecine.
A Broadmoor, Graham Young hérita d'une petite chambre dans le bâtiment d'accueil. Les murs de brique rouge de la sévère bâtisse victorienne isol-
aient les sept cent cinquante détenus des habitants des villages environnants du Berkshire. La chambre de Graham, dont les fenêtres étaient garnies de barreaux et le lit scellé au sol, était nue, à l'exception d'un petit tapis. L'adolescent, alors âgé de quatorze ans, était réveillé chaque matin à 7 heures. Jusqu'à l'extinction des lumières, à 20 h, il travaillait avec les autres détenus à la fabrication de tapis. Les détenus pouvaient lire et jouer à certains jeux, le billard par exemple. Graham Young comptait parmi les plus jeunes |
Winifred et la tante Winnie se rendaient cependant régulièrement à Broadmoor, ainsi que Frank Walter, un des oncles de Graham. Graham Young demandait toujours à son oncle de lui apporter des allumettes - Frank Walter le fit jusqu'au jour où il apprit que le phosphore qu'elles contenaient pouvait tenir lieu de poison. Graham Young ne parlait plus désormais que pour évoquer les poisons ou le nazisme. A Broadmoor, des professeurs donnaient des cours, mais ceux-ci n'étaient pas obligatoires. La direction de l'hôpital chercha un tueur qui saurait distraire l'esprit du jeune meurtrier de ses obsessions. Toutes les personnes contactées se récusèrent. Le 6 août 1962, un mois après l'arrivée de Graham Young, un prisonnier du nom de John Berridge fut pris de convulsions. Il mourut en quelques heures. L'autopsie révéla qu'il avait été empoisonné au cyanure. Lors de l'enquête menée dans l'établissement, aucun produit contenant ce poison ne fut découvert. Cependant des buissons de laurier-cerise, dont il pouvait être extrait, poussaient le long du bâtiment. Plusieurs prisonniers déclarèrent avoir tué Berridge. Il n'est pas rare que des individus souffrant de troubles mentaux avouent des crimes qu'ils n'ont pas commis. La direction, après avoir examiné ces déclarations, resta sceptique et le cas demeura pendant. |